Liturgie pour le temp ordinaire
- 31 - Le récit de l'institution. Ce récit figure au coeur de la prière eucharis tique pour rappeler l'institution du sac rement par le Chr ist ; il est donc simplemen t un réc it. Tel est le cas dans la plu s anc ienne tradition (Hippolyte ). De ce fait , il n'es t pas accompagné de gestes liturgiques. Romp re le pain et élever la coupe pendant la lecture du récit de l'institution équivaudrait à lui donner, et à donner notamment aux paroles du Seigneur (« Ceci est mon corps..., ceci est mon sang... »), à ce moment de la prièr e, une portée consécratoire que ni le récit, ni les parol es du Chris t n'ont dans l'ancienne tradition . Pour cel le -ci — et il doit en êtr e de même pour nous — c'e st toute la prièr e qui est oonsécratoire; l'action du Saint-Esprit ne se laisse pas enfermer dans des mots déterminés. Un autre problème se pose ici: cel ui d'une premi ère épiclèse avant le récit de l'i nst ituti on. Une demand e du Sain t -Esprit qui serait fai te avant le rappel de l'i nstitution donnerait forcément à celui -ci la po rté e co ns écr at oir e qu' on ve ut évi te r et el le ap pell era it du mê me coup les ge ste s exprimant cet te compréhension des choses . Or, selon la plus ancienne tradit ion (cf. Hippolyte et les Constitu tions apostoliques), l'épiclèse se situe à la fin de la prière. On expr ime ains i que l'action tout ent iè re dé pend de la gr âce et de la cons écr atio n que Die u lui ac co rd e pa r l'E sp rit. C' est co nf or me à la do ct ri ne réf or mé e de s sa cr emen ts . Si l' Eg li se ro ma in e de Va ti ca n II , vo ul an t ré ta bl ir l' in vo ca ti on de l' Es pr it da ns la pr iè re eu ch ar is ti qu e, a si tu é un e pr em iè re ép ic lè se (l a pr in ci pa le de s de ux à se s ye ux ) av an t le s pa ro le s de l' in st it ut io n, la ra is on en es t év id en te : il s'a gi ss ai t de so ul ig ne r et de me tt re en év id en ce pa r ce mo ye n qu e la co ns éc ra ti on se si tu e au mome nt où le prê tre prononc e les parole s du Christ: Hoc est corpus meum. Hoc est langui s meus. La notion de con sécration qui en découle ne nous paraî t plus être en accor d ave c le témoi gna ge né o -te st amen ta ir e. De pl us , un e pr em iè re ép ic lè se à ce mome nt int er romp t de to ut e év id en ce le mo uveme nt de la pr ièr e eucha r istique ancienne qui est tr ini taire et qui place la dema nd e du Saint - Esp rit en conc lusi on. Nous n' avo ns pas à imi ter l'Eglise roma ine en prono nçant une première épiclèse avant le récit de l'institution. L'anamnèse . Elle est le prol ongemen t naturel du récit de l'institution : en inst ituant la sainte Cène, le Se igne ur donne à son Eg li se un mémori al de sa pa ss io n vi ct or ieuse, af in qu 'e ll e cé lèbr e ce tt e passi on jusqu'à ce qu'il vie nne dans sa glo ire . L'anamnè se rap pelle donc que le cru cifié -ressu scité, mont é à la dr oi te de Di eu , es t au ss i Ce lu i qu i do it ve ni r et qu e l' Eg li se at te nd . L' eu ch ar is ti e es t compri se ic i comme ét an t à la fois anamné ti que et pr ol ep tique. Et S. Pa ul soul igne en ef fe t les deux aspect s, lorsqu 'il écri t: «Toutes les fois que vous man gez de ce pain et que vous buvez de oet te coupe, vous annonc ez la mort du Sei gneur, jusqu'à ce qu' il vienne» (1 Cor inthiens 11/ 26) . Il en est de même le soi r du Jeudi sai nt, lor sque Jésus dit : « Je ne boi rai plus de ce fru it de la vigne, ju squ'au jour où je le bo ir ai nouveau avec vous , da ns le Royaume de Di eu» (Mat th ieu 26 /29) . Ces deux par ole s figu rent à la fin du réc it de l'inst itution, comme une prépar ation à l'anamnèse, la première dans la prière eucharistique I, la deuxième dans la prière eucharistique II. L'anamnèse doit-elle être chan tée par les fidè les? ou comp rendre un répons chanté par eux? Un cer tai n nombre de lit urg ies ori ent ale s ancie nne s conna issen t une acc lamat ion des fidèle s à ce moment de la prièr e. La lit urg ie lat ine , qui n'avai t pas ce répons, l'a int rod uit à la faveur de la réforme de Vatican II. Mai s c'est la liturgie de l'Eglise de l'Inde du sud qui l'avait déjà remis en honneu r en 1950 . Le re cu ei l «Psa umes et Ca nt iq ue s» (1976) nous en pr opos e tr oi s fo rmes (133 C, 136, 138) : Dans la «Lit ur gi e de s temps de fê te » nous en suggér on s l' usag e à ti tr e facultat if, et dans la «Liturgie du dimanche» également pour la prière eucharistique II. Ce répons est légitime, mais il ne nous par aît pas absolument nécessair e; il nous semble même introduire une sorte de rupture: on vient de chanter le Sanctus (et le Benedictus) pour marquer la césure entre l'action de grâces et le mémorial; faut -il vraiment couper une fois encore la prièr e par un répons? On peut en dou ter sérieusement. Son utilisation dépend en tout cas de la «mat urité liturgique» de l'assemblée. Le récit de l'inst itution de la Cène Deux épiclèses? L'anamnèse
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