Liturgie pour le temp ordinaire
- 27 - l'o ffe rtoire (qui pouva it se justi fie r au momen t de la lut te contr e le gno sti cisme ) ont ent raîné l'Eglise trè s loi n de l'acti on de grâces primiti ve. C'est con tre ces développement s que s'élèv era ave c vi gueur la Ré format ion du XVIe siècle. Un of fer toire n'a pa s sa pl ace dans une li turg ie ré formée. C'e st ai nsi que no tre liturg ie s'e n tient aux simples geste s de s or igines quand el le prévoit qu'avant la priè re eucharisti que le pasteur déco uvre le pain et remplit la coupe, pendant que l'assemblée chante le cantique de sainte Cène. C'est le début du IIIe siècle qui nous livre le premier texte d'une liturgie eucharistique. Son auteur est Hippolyte de Rome (environ 170 -235). Son traité, connu sous le nom de Tradition apostolique, présent e la litur gie d'une célébrati on eucharist ique à Rome (et ailleur s peut-être) ver s la fin du IIe siècle. Au début de l'eucharistie pr oprement dite, les diacres apporte nt le pain et le vin; il n'y a pa s de pr oc es si on so le nn el le d' of fe rt oi re , ni de pa ro le s ac comp ag na nt le dé pô t du pa in et du vi n: l 'o ffi ci ant les reçoit simp leme nt en étend ant les ma i ns sur eux , sans aut re int ent ion ma ni fe ste qu e ce ll e de le s re ce vo ir et de le s me tt re à pa rt po ur l' eu ch ar is ti e. L' ac ti on de gr âc es commence pa r le di al ogue . C'es t ce lu i que nous ut ilison s enco re . La pr iè re el le -même es t d' une cl ar té et d' une simp li ci té exempl ai re s. Tr in itai re , el le es t adre ssée au Pè re ; el le lu i re nd grâ ce s pour l' œuvre du Fils qu i nous a sauvés pa r sa pa ss ion; el le rappel le ensu it e commen t le Ch ri st a institué le sacrement pour qu'il soit le mémo rial de sa pas sion vict orieuse , puis elle demande que le Sa in t -Es pr it ha bi te ce tt e cé lé br at io n da ns la qu el le l' Eg li se se do nn e à Di eu , af in qu 'i l so it gl or if ié aux si èc le s de s sièc les. Nous avon s repr is ce tte pr iè re dans le cadr e de s Of fi ce s du so ir (page 264 s). Ai nsi , la pr ière euchar ist ique se pr ésente déjà sous une forme pr esque dé fi niti ve dès le pl us an ci en te xt e co nnu. Di al og ue — ac ti on de gr âc es — ré ci t de l' in st it ut io n — an amnè se —épiclèse — doxo logie: il semb le bien que cette structure de la célébration soit commune à toute l' Eg li se dè s la fi n du II e si èc le . Un se ul él émen t ne fi gure pa s ch ez Hi pp ol yte: le Sa nc tu s. Jungmann suppos e qu'il a peu t- êtr e été omis int entionnel lement par Hippol yte, dans son tra ité . On ne saurait l'af fir mer avec certit ude. On constate simplement qu 'à partir du IVe siè cl e, le Sanctu s se trouve dans tou tes les lit urgies , tant latine s qu' ori entales, témoignage encore de leur évo lut ion commune, du moins dans les grande s lignes. Le Sanctus y représente une sorte de césure entre l'action de grâces et le mémori al; il rappelle aussi que, dans son cul te, l'Eglise e st unie aux anges qui célèbrent Dieu dans le ciel. Telle qu'elle est, la prière d'Hippolyte s'élève d'un seul jet, dense et cohérente. Ecrite en grec, elle est pour tant d'une simp licité toute romaine. L'usage de préface s variabl es ne semb le pas encore étab li tel qu'il apparaîtra plus tard dans l'Eglise d'Occident. Les litur gies orientale s, quant à elles, s'en tiendron t à une gr ande louange inva riab le, évoquant la cr éation et la rédemption d' une mani ère souvent très ample. Chez Hippolyte, le contenu de l'act ion de grâces est déjà tout à fait celui des pré face s ultéri eures. On n'y trouve, il est vrai, qu'une allusion rap ide à la création (le Ch ri st , «Logo s de Di eu , pa r qu i to ut es ch os es on t ét é cr éé es ») , pu is c' es t le ra pp el de l'incar nation, après quoi la pa ssion, très soul ignée, est décrite comme le combat que le Chri st a me né po ur dé po ui ll er la pu is sa nc e de s té nè br es . Ce tt e comp ré he ns io n de la pa ss io n es t caractéristique de l'Eglise ancienne et a son orig ine dans les épîtres pauliniennes . L'épiclèse, à la fin de la pri ère , se réfère à l'ensemble de la célébr ation: c'est toute la pri ère qui est considérée comme consé cra toi re, et non un moment déterminé de cel le -ci (le s parol es du Sei gneur sur le pai n et le vin, par exemple, comme le veut l'Eglise romaine): le rappel de l'institution appara ît dans la pri ère comme un réc it explicatif. On constate enfin qu'aucune intercess ion par ticulière ne vien t encore inte rrompre le mouvement de la prière: l'ép iclè se débouche immédia tement sur la doxologie. Lietzmann a pu dire que, telle que nous la lisons, la prièr e eucha ristique d'Hippolyte aurait pu êtr e prononcée à Cor inthe ou à Ephèse, au temps de S. Paul (Me sse und Her renmahl, 1926 , p. 181) . Da ns sa simp li ci té , el le nous pa ra ît en tout ca s ex empl ai re pour le tr av ai l liturgique dans l'Eglise réformée. La prière eucharistique d'Hippolyte
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