Liturgie pour le temp ordinaire

- 26 - Témoignage du IIe siècle Lutte contre le gnosticisme généralement que c'est dans le cadre de la « chabourah », le repas qui ouvr ait le sabb at, que les chrétiens vivant encore sous l'influence des habi tudes cultuel les jui ves faisaie nt le mémoria l du Seigneur. Quoi qu 'il en so it, la li turgie ju ive a la is sé de nombre uses tr aces dans la li turg ie chrétienne: dia logue et pré face, Sanctus, Benedi ctus ont des antécéden ts jui fs; le pai n et le vin fi gu re nt ég al emen t da ns di ve rs es cé lé br at io ns ju iv es . Ma is le co nt en u de la cé lé br at io n eucharistique fut dès le début le mystère pasca l du Chris t mort et ressuscité. Et l'Eglise ancienne, en célébrant l'eucharistie le dimanche, a fait du jour du Seigneur une Pâque hebdomadaire où elle re vi va it , da ns le re pa s du Se ig ne ur , le my st èr e pa so al to ut en ti er , la memo ria pass ions, commémoration du combat victorieux du Christ pour notre salut. Vers 150, la première Apologie de Justin (aux chap. 65 et 67) nous donne deux descriptions du culte chrétien. Lectur es bib liques, prédication, pri ère d'interce ssion constituent déj à la premièr e partie du culte. Le souha it de paix ouvre l'eucharisti e proprement dite; puis on prépa re sur la table le pain et le vin. « On n 'acco rde aucune importance spéciale à ce rite », note Jungmann (La liturgie des premiers siècles, p. 70), il n'y a « aucune procession d'offertoire ». Puis le président de l' ass emb lé e pr on onc e la pr iè re d' ac tio ns de gr âc es «a ut ant qu' il pe ut » (c e qui mo nt r e l' impo rt an ce ac co rd ée à ce tt e pr iè re ) et à la fi n de la pr iè re to ut le pe up le ré po nd Am en . Ment ionné dans les deux réc its de Jus tin, cet Amen montre combien la cél ébr ati on est res sentie comme une ac tion communau taire. Aus sit ôt après la prièr e a lie u la c ommunion. Justin nous appr end que la pr iè re euch ar is ti qu e s' ad re ss e au Pè re , pa r le Fi ls et le Sa in t -Es pr it . On ne s'a dr esse pas au Chr ist lui -même, mai s on s'approche de Dieu par sa méd iation. Par la sui te, l'Eglise préc iser a: la priè re s'adr esse au Père par le Fils, dans le Saint -Esprit. Dans l'un des réci ts de Justin, le thème de la prièr e eucharistique n'est que suggéré (chap. 65), mais dans son Dialogue avec Tryphon (chap. 41), l'apo logète présente l'euchar istie comme «mémo rial de la passion que le Chr ist a endurée pour purifier les âmes des hommes de toute iniquité, et pour qu'en même temps nous puiss ions rendre grâ ces à Die u d'a voir créé le monde et tout ce qu' il conti ent en vue de l'homme , de nous avoi r dé li vré s du mal da ns lequel nous nous trouvi on s , et d' avoi r vaincu compl ètement les princ ipautés et les puissances, par Celui qui s'est soumis lui -même à la passion, selon la volont é de Dieu ». Le cul te tout entier est donc à la fois act ion de grâces et mémori al, ré al it és in timement li ée s (c f. en al lem and: denken — da nken ; et en angl ai s: to th ink — to thank) . L'action de grâces liée au mémori al est le tra it car act éristique de la jeune Eglise. C'est avec circonspection et réser ve que celle-ci parle de sacrifice à propos de l'eucharistie; si ce terme est employé, c'est par exemple en y associant la précisi on qu'il s'agit d'un sacrifice de louanges (dans le sens de Hébreux 13/15), seule manière de répondre au sacr ifice que le Christ a fait pour nous, de son corps et de son sang, sur la croix. Dans son acti on de grâces pour le Christ, l'Eglise se donne à Dieu avec le Chr ist, le sacrifi ce de lou ang es s'uni t au sacrifi ce de la cro ix dans le service de Dieu. De même , si le pain et le vin sont appelés offr ande ou don à Dieu, ce n'es t pas qu'il s le soient en eux -même s, puisqu'au contr aire ils sont le gage sacrame nte l du don que le Christ nous a fait de lui-même. En prenant le pain et le vin dans l'ac tion de grâces, nous sommes uni s au Chr ist qui s'e st donné à Dieu pour nou s, et nous somme s ainsi donné s à Dieu ave c le Chri st et en lu i. Ains i donc c' es t «du dedans » que le s te rmes de sacr if ice et d' ob lation sont comp ri s, à ce tt e époq ue où l' expr es si on domi na nt e pour dé si gner la sa in te Cè ne es t ce ll e d'euchar istie, acti on de grâces (sur tout cela voir J.A. Jungmann, op. cit., p. 80). On n'a donc pas encore quitté le terrain du Nouveau Testament. Dans la lut te con tre le gno sticisme, à l'époque d'Irénée de Lyon, un développement inattendu va se produir e dans la ré fle xion de l' Egli se sur l'euchar istie: pour témoigner de l' unité de Dieu, créateur et rédempteur, on va insister sur le fait que le pain et le vin sont dons de la terre, prélevés po ur l' eu ch ar is ti e. Su r ce tt e la nc ée , c' es t to ut un ri te pr él im in ai re d' of fe rt oi re qu i va se développer au seui l de la célébration, anticipant sur ce que la priè re eucharistique dit déjà, et la doublant en quelque sorte. On sait que les développements ultérieurs de cette théologie de

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