Liturgie pour le temp ordinaire
- 24 - tout es les litur gie s romandes... sauf la saint e Cène. Dans la deuxi ème moi tié du XIX e siè cle, Eugèn e Bersier, paste ur à Paris, refai t un eff ort sembl able; mar quant e à son tour, son oeuvr e n'entraîne cependant pas non plus de modi fications dans les liturgies de sainte Cène des Eglises réformées francophones. On peut note r toutefoi s, à cette époque, un fait aussi étonnant qu'i solé: l'Eglise réformée de Schaffhouse se dote d'une liturgie eucharistique complète et traditionnelle, probab lement sous l'influence de liturgis tes lut hér iens all emands. Un peu oub liée par la suite, ce tte li turg ie scha ffhousoi se a ét é ré impr imée en 1953 et remise en honneur comme el le le méritait. C'est un pionnier ori ginal et sol ita ire , le pas teur Jul es Ami guet, de Lausanne (1867-1946), fin connaisseur des liturgies orientales notamment, qui renoua d'une manière résolue avec la liturgie ancienne, en son église Saint-Jean, dès l'époque de la Première Guerre mondiale. Mais son effort remar quable n'a urait pas eu de sui te s'i l n'a vai t été rep ris sur de nouve lles bases par Ric har d Paquier (1905-1985 ), pasteur à Bercher, puis à Saint-Saphorin (Lavaux) , fondateur d'« Egli se et Lit urgie ». Les «Li turgies de commu nio n» publiées en 1931 et 1933, revue s et compl étées en 1952 , on t ét é dé te rminan te s, dans les Eg li se s ré formée s fr ancophones, pour tout le tr avai l litur gique ult érieur. En 1945, la litur gie de Genèv e donne le tex te d'« Eglise et Lit urgie » en parallèle ave c d'a nci ens formula ires. En 1948, l'Egli se réf ormée de Fra nce adopte ce schéma euchar istique à l'exclusi on de tou t autre. En Sui sse, la lit urgie ber noi se de langue frança ise de 1955 est la premi ère à fai re de même. La litur gie vaudo ise de 1963 rej oint éga lemen t l'ordre traditionnel. Entre temps, la Communauté de Taizé s'est mise à diffuser très largement sa liturgie euc har ist iqu e qui se répand dans tou te la francopho nie ; ell e s'i nféodera par la sui te de plu s en plus à la liturgie romaine restaurée par Vatican II (Missel de Paul VI). Dans les autres Dans les autres confessions, des préoccupations identiques se faisaient jour. On voit apparaître confessions partout de nouve lles litur gie s qui s'e ffo rcent de ret rouve r une certaine plénitude euc har ist ique, chacune à partir de sa situation confessionnell e particulière, et avec plus ou moins de rigueur. En Ecosse presbytérienne, c'est, en 1940, le Book of Common Order. Parallèlement, l'Eglise anglicane, dès 1928 déjà, s'effo rce d'assouplir ses usages liturgiques ; ces efforts s'intensifient dès 1947 pour aboutir à l'Alternative Service Book 1980 qui double le Common Prayer Book de 1662 sans le mettre hor s d'usage. L'Eg lise lut hérienne d'Allemagne, stimulée par les travaux de la Michae lsbruder-scha ft , et sur la lancé e de trava ux plus anc iens, produit dès 1964 , en pl usieurs volumes, son Agende für evangelisch-lutherische Kirchen und Gemeinden où, à côté de la liturgie remontant à Luther, une pri ère eucharistique plus complè te est propos ée. De son côt é, l'Eglise de Suède réforme sa liturgie dans le même sens. L'Eglise catholique -chrétienne de Suisse, ainsi que ses Eglises-soeurs de l'ét ranger revi sent égalemen t leur li turg ie de la messe. Dès 1951, la liturg ie de l'Eg li se lu thé ri enn e de Fr an ce sub it de s mo di fi ca ti ons suc ce ssi ve s, no ta mment da ns la pr iè re eu ch ar is ti qu e. Le mo uv eme nt es t do nc gé né ra l. O n n' en fi ni ra it pa s de ci te r to ut es le s réa lisati ons qui — ave c les iné vitabl es nuances con fes sionne lle s — von t tou tes dans le même sens. Longtemps réfractaire à des forme s litur giq ues plus accus ées, la Sui sse alémaniq ue s'y ac hemi ne ré so lument dè s le s ann ée s 50 et publ ie en 1983 , dans le tr oi si ème vo lume de sa nouvelle liturgie, à côté de formulaires de type réformé ancien, des liturgies eucharistiques traditionnelles... et même une adaptation de la nouvelle messe romaine. L'é volut ion qui s'e st fai te au pl an romand est ainsi confi rmée par le mouvemen t gén éral. En Su is se romande, le mouvemen t a cependan t l' av an tage de n' êt re pa s gêné pa r des donnée s liturgiques séculaires, car on repart sur des bases entièrement nouvelles. Grâce au discernement thé ologique et spirituel du paste ur Paquier, cet te rec onstr uct ion a été engagée sur des bases solides. Mais bientôt on se trouve en tension avec la réforme litur gique roma ine, et surtout avec un foisonnement de texte s paraliturgiques qui paraissent sur la lancé e de cel le-ci, créa tions souvent fantaisistes qui passent les frontières confessionnelles et envahissent notre vie cultuelle.
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