Liturgie pour le temp ordinaire
- 23 - Pionniers d'un renouveau cult uel réfo rmé façon exemplaire la situation de l'Eglis e dans le monde et son hist oire: elle n'est plus du mond e (c' est pourquoi ell e a déj à accès au banquet cél est e); mai s ell e est encor e dans le monde (c'est pourquoi elle a toujours besoin des mises en garde, des encouragements, des enseignements, des consolations de la prédication)» (J.J. von Allmen, op. cit., page 150 s). La sainte Cène redécouverte Il n' es t pa s ex ag ér é de di re qu e, da ns l' es pa ce d' un e gé né ra ti on , no s Eg li se s ré fo rmée s on t redécouvert la sainte Cène. Le renouveau biblique des années 30, la théologie dialectique, un re ga in d' in té rê t po ur la Ré fo rmat io n, le di a lo gu e oe cumé ni qu e, le s pr og rè s de l' ex ég ès e, la p r a t i que d e s r e t r a i t e s s p i r i t ue l l e s , d ' a u t r e s c i r cons t a nc e s e nco r e , s on t à l ' o r i g i n e d e c e t t e re dé co uv er te qu i se ra ce rt ai neme nt co ns id ér ée un jo ur pa r le s hi st or ie ns comme l' un de s fa it s maj eur s dans la vie des Egl ises réformées du XX e siècle . Rar es sont auj our d'hui les par ois ses qui ne cél èbr ent pas au moi ns un ser vic e de sai nte Cène par moi s, en plus de ceux des jou rs de fêt e. Et dé jà re la ti veme nt nomb re us es so nt ce ll es qu i cé lèbr en t la sa in te Cè ne de ux fo is pa r mo is , v o i r e c h a q u e d i ma n c h e . L a s a i n t e C è n e c e s s e a i n s i d ' ê t r e l ' a p p e n d i c e o c c a s i o n n e l d ' u n culte-prédica tion, comme ce fut le cas pendant quatre siè cles, dan s nos Eglises. Sortant d'un long «jeûne eucha risti que », celles -ci rej oigne nt enf in Calvi n qui écriv ait: «.. . la saint e Cène pouva it ain si être admin ist rée conven ablemen t, si souve nt — et pour le moi ns une fois chaque semai ne — elle était proposée à l'Eglise» (Institution chrétienne, IV, 17, 43). Mais c'es t sans doute le renouveau liturgique qui a la grande part dans cett e prise de conscience de nos Eglises. En une trentai ne d'années seulement, toutes les Eglises réformé es francophone s on t abandonné le s anci ens formul ai re s de sain te Cène pour adop te r, avec pl us ou moins de ri gueu r et sous de s fo rmes di ffér en te s, le sc héma euchar is ti que tr ad it ionnel . Et ai t -ce un e infidélité à la trad ition réformée ? Le fait est qu'on ne pouvait plus guère parl er de trad ition en la matière. Les liturgies en usage n'avaient plus grand'chose en commun avec le modèle calvinien: retravaillées et modifiées de nombr euses fois, surtout aux XIX e et XX e siècle s, elles étaient, dans leur di versité, l' expressio n d'un embarras inavoué. Le caractère exhortatif et di dactique qu i mettait l'accent sur la repentance plus que sur l'action de grâces, et sur la croix à l'exclusion de la résurrection condui sait la célébration tout entière dans une impasse. Lorsqu'on voul ait célébre r la sai nte Cène plu s fréquemment , ces lit urg ies se révéla ien t imp rat icable s. Ell es n'avai ent pu du re r quatre sièc le s (e t moyennan t de s tr ansformations) que pa rce que la sain te Cène ét ait célébrée seulement quatre fois par an. Aujourd'hui, toute une génération déjà n'a plus connu ces formula ires ; le passa ge aux nouvel les formes liturgiques de la sainte Cène s'est opéré sans di ff ic ul té s ré el le s. On y re dé co uv ra it pe u à pe u, av ec pl us ou mo in s de cl ar té se lo n le s fo rmul ai re s, le s dimens ions euch ar is ti qu es , pa scal es et es chat ol og ique s de la cé lébr at ion sacramentelle que les anciennes liturgies réformées ne mettaient plus vraiment en évidence. Pou rquoi Cal vin a-t-il dot é nos Eglis es d'une lit urg ie qui rompa it tot alemen t avec la tradit ion commun e de to ut es le s co nf es si on s ch ré ti en ne s, tr ad it io n qu e Lu th er et l' an gl ic an is me main tena ient da ns une mesure re la ti vement la rge? On sa it que le souc i du Ré fo rmat eu r de Genèv e était d'amener son Eglise à commun ier plus fréquemmen t. C'e st sans doute la raison pour laquell e sa liturgi e insi ste sur l'aspec t communi on au détriment de l'aspec t célébra tion. On peu t tenir pou r cer tain que cet te liturg ie aurait dû êtr e modifiée trè s tôt si Cal vin avait obt enu l'autorisation de célébrer la sainte Cène plus fréquemment. En 1713, Jean-Frédér ic Ostervald , pas teur à Neuchâtel , conscient du fait que nos Eglises ava ient rompu à la Réforme avec une tradition cultuel le anci enne et précieuse, publie une liturgie qu i re pr en d de nomb re ux él émen ts de l' eu ch ar is ti e tr ad it io nn el le , empr un té s au Pra yer Bo ok anglican. Remarquable à bien des égards, la liturgie d'Ostervald influence à des degrés divers Fin d' un long «jeûne euchar is ti que»
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