Liturgie pour le temp ordinaire
- 18 - Le style réformé l'Eglise pour le monde présent, tandis que le mément o est la prièr e pour la venue du Royaume de Dieu. Prie r «pro mora finis» et prier «pour que le règne de Dieu vienne» ne s'excluent pas, mais se complètent. Si la prière d'inter cession peut parfois conteni r des allusions eschato logiques, sa visé e principale et domi nante reste le mond e présent . C'est auss i pour cette raison qu'une prière de remerc iement pour les bienfai ts de Dieu dans le monde pré sent trouve sa place au début de l'intercession (page 119 de la liturgie). Au cours des siècles, et déjà dès le V e et le VI e siècle, la prière universelle a tendance à perdre son importance, quelquefois même à disparaître, pour se loger sous une forme différente (l es di pt yque s «pro vi vi s et mo rt ui s» !) à l' in té ri eu r de la pr iè re euch ar is ti qu e. Il y a à ce la app aremment deux rai son s : la cél ébrat ion eucha ris tique est comprise de plu s en plus comme un acte d'i nterce ssi on, célébr é pour l'Egli se, le monde, les vivant s et les mor ts. Cela s'exprime alors par la ment ion des noms au c œur de la cél ébr ati on, c'est-à-dir e le plus prè s pos sib le des paroles d'institut ion du sacr emen t, considér ées comme consécr atoi res, afin de donner, croit -on, de cet te man ièr e une plu s gra nde eff ica cit é aux req uêt es que l'o n pré sen te à Die u (cf . S. Jean Ch ry so st ome , 4 e homé li e su r l' Ep ît re au x Phi li pp ie ns ). Et pu is ce la témo ig ne dé jà d' un affaib liss emen t de la préd ication : le sacrement attire à lui tout ce que la prédica tion n'a plus la forc e de rete nir dans sa lancée. Cel a est évid emment préjud iciable à tou te la premièr e par tie du culte. Si l'Eglise byzant ine a tou t de même gar dé des lit anies d'interce ssion avant l'euch ari stie proprement dit e, l'Eglise lat ine , ell e, a abandonné tou te interc ession dans la premièr e par tie du culte. La pri ère d'interce ssion, souven t app elée orat io fide lium , avait pourtant existé dans toutes le s li turg ie s régional es de l'Oc ci de nt (a fr icai ne, ga ll icane, moza rabe , milana is e, romaine) . Jusqu'au dernier Concile Vatican II, le Missel romain ne possédait une intercession générale qu'à Vendredi saint, selo n la loi de Baumsta rk qui dit que «les cond itions primitives se main tiennent avec le pl us de ténaci té da ns le s mome nt s et da ns le s ac te s le s pl us impo rt an ts de l' année liturgique ». La réce nte réforme de la mess e roma ine a heur eusement rétabli l'inter ces sion dans toutes les messes. Au Moyen Age, en bien des régions, on avait pourtant conservé, dans la messe, des intercessions inofficielles, énoncées en langue vernaculaire. C'est ce qui permit à la Réformation de reprendre siè cle l'i nte rcessio n, sans hés itation, comme partie int égr ant e du cul te. L'i ntercessi on protestante (la «pr ière aprè s le se rmon ») renfor ça en retour la pr atique ca tholique de s «prières du prône» (in ter ces sions en langue vul gai re) . Par la sui te, la prièr e d'int erc ess ion a toujours occupé une place importante dans la vie cultuelle des Eglises issues de la Réforme. Les liturgies réformées ne se sont pas intéressées aux formes que pouvait prendre l'intercession. Comme tou tes les pri ère s du culte, la «pri ère apr ès le sermon» éta it un mono logue de l'officiant, dévelop pant, souvent très longueme nt, les nombr euses int entions de la prièr e d'i nte rcessio n. Ces priè res ancienne s ne manquent pas de grandeur et de ferveur, mais leur style autant que leur ampl eur les on t rendues imp ra ticables au siè cl e passé déjà . Ces formulaire s ét ant, en ou tre, rigoureusement invariable s, l'ac tualité, pendant longtemps, n'a guère trouvé place dans le cult e, al or s qu e, de to ut es le s pr iè re s de la li tu rg ie , l' in te rc es si on es t ce ll e qu i impl iq ue le pl us pro fondémen t l'Egli se dans la vie du monde. Un tel mod e d'int erces sion, mal gré la val eur des prières, engendrait inévitablement la passivité des assemblées. De ces const ats, nous tir ons les conclus ions sui vante s : la pr ièr e d'i nte rce ssi on, éta nt donné sa longueur et son conte nu, et sans que soit mi se en ques tion la forme monologuée parfa itement lé gi time , do it au ss i po uv oi r êt re éno nc ée en de s fo rme s pe rme tta nt la pa rt ic ip at io n de l'assemblée par des répons (forme lit anique ) ou l'interventi on d'un deuxième off ici ant , diacre , conseil ler ou laïc (forme dite diacona le) et ménager (dans les formes mono loguée et diaconale) des silences permetta nt à l'assemblée d'assumer réel lement les requêtes prononcées en son nom. De même, la prière d'intercession doit prévoir un temps pour des requêtes relatives à l'actualité Eclipse de la prière d' in te rces si on Renouveau de l'intercession au XVIe Nécessi té de formes di ff ér en te s
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