Liturgie pour le temp ordinaire
- 8 - «L'acte péni tent iel, dont le centr e est la conf ession générale des péchés, est un acte d'humilia tion de l'homme pécheur devant son Dieu et donc l'hommage de l'adoration que le pécheur grâcié doit à son Sauveur dans la reconnaissance et la sincérité» (E. Kellerh als, Sündenbekenntn is und Gnadenzu spr uch im reformie rten Predigtgott esd ien st, 1967, page 32) . Cet te remarque est pro fondémen t juste et tout à fait dans la ligne de la théo logi e calvinienne. La confession des péchés procède de la foi de l'Eglise en la grâce de Dieu; elle est au seuil du culte l'affirmation que Dieu seul est saint, et que lui seul sanctifi e son peuple par sa grâce et son pardon. La volonté des Réformateurs, à la suite des textes liturgi ques médiévaux en langue vulgai re, a été de fair e de l'acte de repentance une démarc he commu naut ai re impl iquant toute l' as semblé e ; ce fut une déci sion tout à fa it po si ti ve. Démarc he commu naut ai re , la confes sion de s péchés de Ca lv in , héri tée de Buce r, confe sse l'état de péché et non les péc hés , tout en demand ant la grâce d'une repen tance « qui produise en nous des fruits de just ice et de sainteté » en signe de reconnai ssance. Il est impo rtan t de redécouvrir le sens posit if de ce « pros ternement » devant le Dieu saint au début du culte: c'est un aspect essentiel de l'adorat ion que l'Eglise doit à Dieu. Tant que nous sommes dans ce sièc le, la contr iti on fai t par tie de l'ador ati on ; not re adora tion n'e st pas encore cel le des anges ... Il ne faut dès lors pas minimiser l'impor tance de l'acte de repenta nce en le marginali sant : il a bien sa place apr ès l'i nvo cat ion et le psa ume cha nté qui exp riment au début du ser vice la gra ndeur de Dieu devant laquelle on va se prosterne r. Il est certes possib le de placer l'acte de repentance, à condit ion qu'il s'agis se d'une confessi on trè s brève, jus te apr ès l'i nvocat ion et avant le psaume cha nté ; c'e st alor s un simpl e acte pr épara toi re où confe ssi on et absolut ion ne font plus corps avec l'adoration comme le veut l'ordre liturgique usuel. No tr e insi st ance à si tuer la confes si on de s pé chés da ns le cadr e de l' ador at ion ne do it pa s étonner . Il s'agit, en ef fet, d'é viter que la confes si on des péchés s'enli se dans un mor al isme légaliste, comme cel a a par fois été le cas, surtout lorsqu'on s'est mis à diversi fier à l'ex trême les textes pa r lesquels on l' in tr odui sait (t ex te s pa ré nétiques ti ré s de s ép ître s, pa r exempl e) . La confession doi t res ter une con fession généra le où tous se sen tent concer nés. Mai s cel a ne veu t pas dire qu'on devrait s'en tenir uniquement à la confession du péché et renoncer à confesser les péchés. Si Calvin insiste plutôt sur la premièr e forme et Luther plu tôt sur la seconde, ils ne sont pas, pou r autant, en dés accord entre eux. En confessant les péchés, on vei lle ra simplement à ne pas traquer tous les péché s imaginables... Même perspect ive pour l'in troduct ion de l'acte de repentance, ainsi qu'on l'a dit plus haut. La lecture du Décalogue garde toute son importance si elle est occasionnelle, mais le Sommaire de la Loi a une port ée plus grande encore : ainsi que l'a di t Ha ns Dü rr , «c e n' es t pa s co nt re la Lo i qu 'o n pè ch e, ma is co nt re l' amou r ». Da ns le Décalogue , il s'agit auss i de l'amour de Dieu (Die u a déli vré son peup le de la servi tude), mais la dimension de l'amour n'y est pas aussi évidente que dans le Sommai re de la Loi. L'introduction la plus fondée et la plus clai re à l'ac te de repentance est le simple rappel de la rédemption que Dieu a accomplie en Jésus-Christ. Pou r l'abso lution , il est possib le d'utilise r des formules dép récati ves (op tat ives) aussi bien que des formules déclaratives. La trad ition générale a utilisé dans le culte la forme dépr écative. C'est Calvin qui a intr oduit dans la liturgi e la forme déclara tive ; il s'en est expliqué en mont rant que l' ab so lu ti on n' ex is te qu 'e n ré fé re nc e à la pr éd ic at io n de l' Ev an gi le da ns la commun au té chré tienne assemblée pour le culte, et donc seulement dans la communion de tous avec le Christ Sa uveu r. « La do ct ri ne qu e nous en se ig nons n' es t nu ll emen t su je tt e au x ab su rd it és (s ou s -ent en du : qu e l' on co ns ta te da ns la pr at iq ue roma in e de la pé ni te nc e) . L' ab so lu ti on es t condi tionnelle : car le pécheur doit être certain que Dieu lui est prop ice, moyennant qu'il cher che sans feintise l'expiation de ses péchés au sacrifi ce de Jésus-Christ, et qu'il s'appuie sur la grâce qui lui est offerte. Ce faisant, le pasteur qui publie selon son office ce qui lui a été dicté par la Parole de Dieu, ne peut faillir ; et le pécheur de son côté reço it une absolution toute certaine et patente, vu qu'il lui est simplement proposé d'embrasser la grâce de Jésus-Christ selon la règle générale de
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