Liturgie pour le temp ordinaire
- 6 - pri ère s prépar ato ires dit es à la sac ris tie ; ell es consistent en une accumulat ion d'accusation s de soi, énumér ant tous les péché s possi bles pour exprimer l'indignité fondamentale de l'officiant qui va se présenter devant Dieu. La récitation du Psaume 51 accompagne souvent ces prières. Mai s un nouveau rite vien t peu à peu modifie r cette préparat ion : c'est la procession d'entrée du cl er gé , en us ag e dè s av an t le X e si èc le . On y ch an te le ps aume 43 av ec so n an ti en ne : «Je m'avancerai vers l'autel de Dieu, du Dieu qui est ma joie et mon all égre sse ». Arr ivé au pied de l'autel, le célébrant commence par un acte pénitentiel qui a son origine dans l'office des moines à Prime et aux Comp lies. C'es t une confession des péchés mutuelle, le célébran t se confessant aux aut res offic ian ts, et ceux-ci, à leu r tou r, se confe ssa nt à lui . Cet act e lit urg ique se limite donc enco re aux seul s of fi ci an ts . En conc lu si on de ce tt e conf es si on mu tu el le , on tr ouve la tr ès ancienne priè re Aufer a nobis (reprise à la fin de nos text es X et Z). Ains i, cette nouvelle entr ée refoule dans la sphère privée les « apologies » évoquées ci-dessus ; mais, marginal ement, celles-ci vo nt su bs is te r ju sq u' à la Ré fo rmat io n et in fl ue nc er de no uv ea ux te xt es (p ar ex empl e la co nf es si on de s pé chés de Lu ther ). Quan t au Conf it eo r mona ca l, ap rè s êt re en tr é da ns le s célébrat ions paro issia les, il deviendr a la priè re de préparati on usue lle des offician ts pour la suite des temps. Très tôt, le besoin se fait sent ir d'une participat ion du peuple à cette préparation des officiants . Au X e siècle déjà, on trouve en Bav ière la ment ion d'un act e de confession des péchés prononcé par les fidèle s, en langue vul gaire, au seuil de la liturgie euchar istique : on appell e cet te pri ère «Offene Schuld », ce qui peu t se traduire par : confession pub lique; une absolution généra le la suit. Souvent, la priè re est précédée du Credo et l'absolution est suivie des dix commandement s. Cette con fession avec absolution généra le éta it lar gement répandue vers la fin du Moyen Age. Elle est l'amorce de la confession communautaire que la Réforme placera au début du culte, là où le prêtre, précédemment, disait le Confiteor. Seule la Réforme anglicane maintiendra la confession au début de la liturgie eucharistique. Le nouvel Alternative Service Book 1980 tend à la placer au commencement du culte. Une fois int égré à la lit urgie, l'acte pénitentiel englobant toute l'assemblée allait se trouver en con tradic tion avec la défin i tion sco las tiq ue du sac rement de pénit enc e. L'abso lut ion générale accordée à tous, au cours de la mess e, entraîna d'âp res discussions, sans cesse renaissantes, dès qu'on se mit à ensei gner que seule l'abso lut ion donnée apr ès une confe ssion perso nne lle à un prê tre pouvait délie r de tou s les péc hés confe ssé s. Ce problème, on le comprend , ne s'e st plus pos é de cette manièr e à la Réforme. Il faut noter cependant que la dispar ition de la confession aur icu lai re dan s l'Egli se réf ormée exp lique l'importa nce pri se p ar la con fes sion des péc hés au débu t de la li tu rg ie du dimanc he . Ai ns i, il es t si gn if ic at if qu e l' ab so lu ti on de Ca lv in so it déc lar ative: «A tous ceux qui se repentent (.. .) je dénonce l'abso lution des péchés êtr e faite au nom du Père... » L'ego te absol vo du prêtr e au confe ssionnal a donc passé dans le culte et dans la formule d'abso lut ion généra le, mais avec la précision bien réformée que l'obtention du pardon dépend de la foi de chacun. On sait que Calvin tenait beaucoup à l'abso lution; il la pra tiquait à Strasbourg. Mais à Genève, lors de son retour, les autorités civi les s'opposèrent à cet usage. Sur son lit de mort, Calvin s'accuse d'avoir cédé trop facilement. Ainsi l'absolution disparut dans les Eglises réf ormées francophones, alo rs que la lit urgie lu thérienne et le Prayer Book anglican la co ns er vè re nt so us la fo rm e mé di év al e de l' ab so lu ti on dé pr éc at iv e, ré se rv an t la fo rmul e déclarative à la confession privée, là où celle-ci se pratiquait encore. Une ques tion annexe do it être évo quée dans ce paragr aphe histo rique : c' est celle de la Loi précédant, dans les Eglises réfo rmées francophones, la confessi on des péchés. Bien des gens ont vu da ns l' en semb le `Loi — co nf es si on de s pé chés — pa ro le s de gr âc e' la ca ra ct ér is ti qu e essentiel le du cul te réformé. C'est une err eur , car Calvin n'u tilisait pas la Loi de cet te mani ère dans la liturgie. Il faut rappeler ici quelques points d'histoire. Dès avant la Réforme, le Décalogue Un problème annexe: le Décalogue et l'acte de repentance
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