Liturgie des temps de fêtes
d'années, dans les Eglises réformées, par exemple. Si la liturgie de Calvin n'était pas celle de l'Eglise ancienne, comme l'imag inait son auteur, elle ouvrait le chemin, par la sobriété qui la caractérisait, à la redécouverte, le moment venu, de l'héritage des origines. Malgré les vicissitudes et les méandres de l'histoire, la tradition liturgique des origines est toujours à nouvea u réapparue, avec la vigueu r qui lui est propre, dans toutes les confessions chrétiennes. Chaque famille spirituelle y puise alors selon sa compréhension de l'Evangile. Chaque Eglise se « ressource » ainsi dans l'héritage commun d'une manière spécifique, selon son identité confessionnelle. Ce « ressourcement » dans la liturgie des origi nes et le so uci de con ser ver l'iden tité con fessi on nelle de l' Eg li se à la quelle on appartient ne sont pas contradictoires : ils sont nécessaires l'un et l'autre pour qu'il y a it vivante tradition. Nos Eglises réformées sont tributaires de la tradition liturgique occidentale. Elles ont toujours été conscientes de cette appartenance à l'Eglise d'Occident. Déjà à l'époque de la Réforme, au moment même de la rupture avec Rome, on v oit des auteurs réformés français exploiter, pour le culte familial et personnel, les richesses des anciennes oraisons latines, soit en adaptant celles -ci, soit en formulant de nouveaux textes sur le modèle des ancien s, ce qui témoi gn e d'u ne compréh en si on vi va nte de la tra dition . Au déb ut du XVII I' siècle, la liturgie d'Ost ervald insère dans les stru ctures du cult e réformé de nombreux éléments de la tradition ancienne, notamment eucharistique, puisés dans le Pr ayer Book anglican, emprunts qu i ne fo nt aucun pro blème. Et aujou rd 'hui, dan s la mouvance d'une rec her che œcumén ique où les Eglises d'Occiden t, notammen t, se déc ou vren t soli daires les unes des autre s, nou s sommes en mes ure de nou s en ri chir mutuellement, sans pour autant renier notre identité confessionelle. C'est ainsi que notre tradition cultuelle réformée a reçu des autres confessions une grandedi versit é de formes de la prière litu rgiq ue : brèv es orai sons, in cisives et denses, sur le modèle latin, prières à répons, intercessions dialoguées ou litaniques de tradition anglicane ou luthérien ne, prières diaconales des liturgies anciennes; ces prières permet ten t d'a ss oc ier les fi dèles à la céléb ra tion . Ces for mes , nou velles pou r nou s, me tten t en év idence, pa r contra st e, not re propre hérit age cu ltuel dont l'acc outuma nc e nous avait caché les valeurs profondes, celles que d'autres Eglises aujourd'hui nous empruntent dans une réciprocité qui nous réjouit. Dans l'échange avec autrui on apprend à mieux connaîtreet apprécier son propre héritage. En litu rgie, on ne pa rt jamais de zéro. On n'est jamais vraiment origin al. Quand on se tourne vers le Christ, on se trouve toujours avec les membres de son corps qui est l'Eglisede touj ours et de partout. Un travai l liturgique sérieux suppose une connaissance de la tradition anci enne, des développements confessionnels de la liturgie et une cons cience claire de notre propre identité ecclésiastique. Ainsi redécouvre-t-on, par exemple, l'Eglise médiévale comme notre passé commun, mais l'expérience de la Réformation nous aideà y trouver ce qui peut en être recueilli à nouveau pour notre usage. Au contact des valeurséprouvées des diverses époques, on trouve les critères qui permettent de juger les créationsnouvelles. La liturgie est semblable au père de famille de l'Evangile (Mt 13/52) « qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes ». En appendice à ce chapitre, il faut signaler brièvement le rôle important que la liturgie jouedans la catéchèse. En tant qu'expression commune et vivante de la foi, la prière de l'Eglise est en elle-même une démarche formatrice, une démarche de catéchèse. Karl Barth a dit, àpropos du vieil adage « lex orandi, lex credendi », qu'il exprime la méthode même de la théologie « dont la démarche fondamentale est adoration, c'est-à-dire action de grâces et supplication, et donc un acte liturgique ». Comment la liturgie ne serait-elle pas ainsi au 8
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