Liturgie des temps de fêtes

I N T R O D U C T I O N LA TRADITION LITURGIQUE Une histoire — un langage — des limites Il paraît utile de rappeler au lecteur trois aspects essentiels dont tout travail liturgique doit tenir compte : Il faut se souveni r, en premi er lieu, qu e la prière de l'Eglise s'in sère, comme l'Eglise elle -même, clans une longue histoire, celle de la transmission de la foi: la tradition. La liturgie ne peut ignorer cette histoire sans se saper elle-même à la base. En second lieu, il faut voir qu'au cours de cette histoire, la prière de l'Eglise s'est façonné un la ngage qui résulte d'u ne longu e fréquentation des Ec ri tures et d'u ne inlass able méditation du témoi gn age que celles - ci ren den t à l' oeu vr e de Di eu en Jés us -Chri st . Naturellement proche de la Bible, ce langage permet à l'Eglise d'en recueillir au mieux le donné révélé. Enfin, l' expérien ce mo ntre que pou r êt re vr aiment la pri ère commu ne de l' Eglise , la liturgie doit s'imposer des choix et une stabilité. Cette limitation volontaire est la condition qui permet à la liturgie d'être assimilée par le peuple des fidèles et de devenir la prière qui lui est familière et à laquelle il adhère profondément. 1. L'enracinement historique de la liturgie dans la tradition Le culte de l'Eglise est enraciné d'abord et fondamentalement dans le témoignage que les prophèt es et les apôtres renden t au Sei gneur vivant, dans l'Ancien et le Nouveau Testament. La liturgie est la forme première de la confess ion de foi de l'Eglise. En se tournant vers Dieu dans le culte, l'Eglise confesse la foi que Dieu lui-même suscite en elle. Et c'est aussi par la liturgie que s'opère très particulièrement la transmission de la foi, d'une génération chrétienne à l'autre au cours des siècles. La liturgie est ainsi par excellence le lieu où le « dépôt de la foi » (1 Tm 6/20, 2 Tm 1/14) est mis à l'épreuve et assumé par l'Eglise et où le Christ vivant est reconnu et accueilli par les siens tout au long de l'histoire, clans l'attente de la parousie. Mais en s'insérant ainsi dans l'histoire de l'Eglise, la liturgie a besoin de mises à jour pour demeu rer dans la continuité de la foi et pour assurer fidèlement la transmission de cette foi. Certaines Eglises affirment être branchées sur la tradition ancienne sans qu'il y ait eu discontinuité ; mais il leur arrive pourtant de devoir décaper leur pratique cultuelle pour retrouver l'ancien héritage dans sa pureté : l'inertie a obscurci bien des choses, il faut corriger ou retrancher ce que des développements foisonnants et souvent incontrôlés ont pu ajouter, voire substituer au témoignage des origines. D'autres Eglises, réputées avoir romp u avec l'anci en hérita ge à caus e de ce qui avait fini pa r le défigurer au cours de l' évolu tion, ont été amenées, par leur so uci de retrou ver l' es sen tiel de la fo i dan s sa simplicité originelle, à redécouvrir justement cet ancien héritage comme étant le plus apte à répondre à leur recherche. C'est le cas, à des niveaux divers, de toutes les Eglises issues de la Réforme du XVI' siècle. La restructuration sévère que les Réformateurs ont fait subir au culte de leur Eglise, notamment dans la tradition réformée, loin d'être la rupture radicale qu'on a dit, a justement permis à ces Eglises de retrouver le chemin des origines. Ainsi s'explique l'ampleur du renouveau liturgique qui s'est manifesté, depuis une cinquantaine 7

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