Liturgie des temps de fêtes

- 22 - vers 490, un temps de jeûne qu i commence le 11 novembre pour se terminer le 5 janvier, ce qu i fait exactemen t quarant e jours de jeûne si l'on décompte les samedis et les diman che s où l'Egli se gal licane ne jeûnait pas. Jungmann fai t cette remarque per tin ent e: «Ainsi, dans la liturgi e gal lican e du V e siècl e, on franch it cette étape d'assimiler la fête de la nat ivité du Christ (sous sa forme orien tale d'Épiphanie) à la fête de Pâques en la faisant précéder d'un jeûne de quaran te jours» (La lit urg ie des premiers siècles, p. 41 7) . D' au tr es sy st èmes ap pa ru re nt en su it e da ns d' au tr es ré gi on s. L'impu ls io n ét ai t do nn ée . En Espagne, où Noël avait le pas sur l'Epiphani e, on comptait les quarante jours en remontant à partir de Noël, ce qu i met ta it le débu t de l'Avent au 15 novembre. Cet Avent espa gnol n' avait tout efoi s pas le même car act ère que l'Avent gal lican, puisqu'il ne compr ena it pas de jeûne. Ail leurs encore s'établ it la co ut ume d' un e pr ép ar at io n à No ël d' un e du ré e de tr oi s mo is , commen çant le 24 se pt embr e, da te à laquelle on célébrait, neu f mois avant le 24 juin qui est la fête de la naissan ce de Jean -Baptiste, la fête de sa conception... La litu rgie de Rome ne pu t ré sist er à cett e pression venue de l'exté rieur. Déjà No ël prenait de l'impo rtance à Rome aussi, parc e qu 'on y voyait un moyen privilégié de s'oppo ser à l' ariani sme de s peup les german iques récemment con ver tis à la foi chr étienne. Rome fai t alo rs un premier pas ver s une prépa ration à Noël en transformant, mai s vers le mi lieu du VI e siècle seul ement, l'anci enne ob servance de s Qu atre -Temp s de dé cembre en un e célébr ation évoquant dé jà un peu no tr e qu atri ème di manche de l'Avent. Rappelons que les Quatre-Temps (il y en avait en réalité trois, à l'origine, — le quatrième, celui du printemps, étant remplacé par le Carême) étaien t des semaines spéciales, con sacrées à la prièr e et au jeûne, au seu il de chaque nouvell e saison, soi t en juin, en septembr e et en déc emb re, et cor respondant aux trois récoltes qu i intéressaient l'Italie , cell es du blé, du vin et de l'hu ile. La semaine de s Quat re-Temps d'hiver fut transfo rmée en une prépa rat ion de la Nativité par l'inserti on des lectu res de l'Annonciat ion et de la Visitati on, et de pér icopes sur Jean-Bap tiste, le précu rseur. Les lectures de l'Ancien Testament étaien t tir ées du livre d'Isaïe. Il faut att end re le pon tificat de Grégoi re le Grand (590- 604 ) pour vo ir apparaître tout à coup, à Rome, un Ave nt de quatre diman ches, à peu près semblable à celui que nous connaisson s. Mais on ne sait comment il s'est constitué. Peu à peu, cet Avent romain de quatre diman ches s'impo se pa rtou t, éliminant les autres syst èmes. Une fois de plus, l'influenc e de Rome se trouve avoir été modératrice, tout en suivant, à retardement, l'impulsion venue d'ailleurs. Le cyc le de Noël qui se con stitu e ain si, peu à peu, est donc plus ou moins cal qué sur celui de Pâques. La grande diffé rence est que sa fête cen trale n'est pas fixée un diman che. Jean-Jacqu es von Allmen y dis cerne l'hésitation de l'Égli se, la conscienc e par tagée avec laquel le celle-ci s'est mise â l'o rganisation de fêtes et d'un cycle concurrents de celui de Pâques (voir: Cours de liturgique, éd. ronéotypée, chap . VIII, p. 16). Tout en créant ces fêtes et ce cycle, l'Église semble vouloir éviter une telle concurrence. Mais c'est pourtant ce qui se produit dans une certaine mesure , dès que Noël est doté d'un temps de préparation. Il est vrai que ce n'est qu'en Gaule que celui -ci a eu un caractère pénitentiel accusé. Selon les (ivres lit urgiques romains du début du moyen âge, l'Avent n'e st pas un temps de pénitence, mai s simpl ement une pér iode de prépar ation S Noël où seuls les dimanches ont les caractéristi ques propres à l'Aven t. Ce n' est qu 'apr ès le X e si ècle qu e l' in fluenc e gal lica ne fini t pa r donn er un e ph ysionomi e péni tent ie ll e à l' Aven t roma in . C' es t al or s qu 'o n ome t le «Glo ri a in exce ls is » et qu 'o n excl ut l' ut il is at ion du «Te De um». Ce pendan t l' Aven t ne de vint jamais — sa uf tempor airement — un e pé ri od e de jeûn e. Jungmann montre pou rtant que ce temps resta tou jou rs ce qu'il fut dès le début: une pér iode aus tère au plan liturgique propremen t dit. La couleur liturgique est le violet; elle désigne ainsi l'Avent comme un temps de préparation, alors même qu'il n'est pas expressément pénitentiel et ne comprend pas le jeûne. L'Avent doit-il être présenté comme le début de l'année liturgique? Les tâtonnements ont été, sur ce point aussi, assez nombreux au cours des âges. C'est tardivement que l'habitude s'installe de fixer au premi er diman che de l'Ave nt le début de l'année liturgi que. En effet, le 1 er mar s, le 25 mar s, le 1 er janvier , le 25 dé cembre on t eu, tour à tour , sous di verses in fluences, l'honn eur de marque r le débu t de l'année; d'ailleur s la cou tume variait selon les régions. II est inutile d'ent rer ici dans le détail de cette histo ire. Notons simpl ement qu'en Esp agne, en France, en Angle ter re, dan s le diocèse de Cologne, en Bour gogne, en Hollande et en Fl andr es, ce fut la fête de Pâqu es qui cons titua, as se z longtemps, le débu t de l' année litu rgique. Cett e vision des choses n' a - t- el le pa s la logiqu e pour elle si Pâqu es est pour l'Église la fête où se ressource, d'année en année, toute la foi des chrétiens? Ne devrions - nous pas aider nos fidèles à comprendre que leur réengagement dans la foi, au cours de la célébration de la Le rôle de Rome Νoël à dat e fixe et non un dimanche L'Avent, un Carême? L'Avent, début de l'année liturgique?

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