Liturgie des temps de fêtes

- 21 - cents), après avoir hésité à conserver ces trois commémor ations dans le cadr e d'offices du soir pour rester en accord, au mo ins de cette manièr e, ave c les Églises luthériennes et anglicanes. Mais il semble que ce genre de commémorati on («la nuée des témoins »!), en soi légitime, du moins lorsqu'il s'agit de témoins bibliques et donc canoniques, devra it fai re l'objet d'une étude théol ogique sérieuse. En outre, dan s le cas présent, les commémorati ons susmentionnées interfèrent dans le temps de Noël d'une façon pe u he ur eu se . En fi n, le s Inno cent s fi gu re nt de tout e mani èr e au di manc he ap rè s No ël (a nn ée B) et S. Jean y est aussi représenté par son prologue (année C), mai s sans devenir des commémorations qu i prennent en quelque sorte la place du Christ. On retrouve dans plusieurs prières de ce temps de Noël l'écho de la catéchèse des IV e et V e siècles qui a si fortement marqué les litu rgies de Noël à l'époque de leur formation. On sait que cette catéchèse trouve son expression classique chez S. Lé on le Gr and: «e n un admi rable échange» le Fils de Dieu ancienne devient homme, afin que nous devenions (l'apôtre Paul précise: par grâce et par adoption) à notre tour fils de Dieu. Les liturgies du temps de Noël sont une invitation à la sobriété. La joie de Noël est certaine, mais ce n'est pas la joie de Pâques. Si l 'on se réjouit à Noël, ce n'est pas sans se rappeler que la crèche annonce la croix où le Christ nous sauve; c'est aussi en se souvenant que le monde scelle sa décou verte du Christ, ap rè s la vi si te de s mage s, pa r le sang de s en fant s inno cent s. La jo ie de Noël n' es t donc pa s de la même nat ure que ce ll e de Pâq ues . Si Pâq ues es t déj à pré sen t dan s le ch an t des an ges et dan s la ven ue des ma ges, Ven dred i sai n t es t const amment évoqué dan s l'abai sseme nt du Fi ls de Di eu . C'est à tr avers cet ab ai ss eme nt qu'i l y a «emp ri se de Di eu su r le monde», pour re pren dre les ter me s par les quel s Od o Ca se l expr ime le s in tent io ns th éo logi qu es de l' Ég lis e en tr an t da ns l' èr e cons tan tini enne . La commémor ation de cet abaissemen t impose la sobriété. Antichambre du mystère pa scal, le cycle de Noël n'existe pa s po ur lu i -même: l' in ca rn at io n qu 'i l commémore n' es t pa s un e fin en so i. C' es t po ur quoi la li tu rg ie , dan s plusieurs de ses prière s, évoque, par-delà Noë l et Epiphan ie, le Christ crucifié et res suscité. C'est le cas dé jà au soir de Noël où la pr iè re se pr ésente sous la forme d'un e cont empl ation, formul ée dans le s termes mêmes du deuxième article du Symbole de Nicée, dont elle laisse découvrir ainsi toute la richesse. Si l'on se souvient de ce qui a été dit ci - dessus au sujet de l'infl uence des deux premi ers concil es œcumén i q u e s s u r l a fo rma t i o n d e s c é l éb r a t i o n s d e No ë l , o n n e s ' é t o n n e r a p a s d e v o i r apparaît re à cet endr oi t le Credo qui émane de ces conciles, seul e confes sion de foi commun e à tout es les Églises, et dont la portée est ainsi universelle. LE TEMPS DE L'AVENT C'est à peu près simultanément que le temps de Noël et le temps de l'Avent se son t con stitués. L'Avent , tel que nou s le connaissons auj ourd'hui, a des origines complexes, et son deven ir est assez diffi cile à saisir. Comme tout le cyc le de Noël, il s'e st con sti tué davan tage sou s la pression des cir con stanc es que d'un propos délibéré. La capacité créatrice de l'Église en mat ière liturgique n'était plus la même qu 'à l'époque où se con stitu ait le cycle de Pâques; ell e ne procédait plus d'une pen sée simpl e et vigou reu se. Le gr and li tu rg is te au tr ic hi en , Jo se f Andre as Jungman n, au te ur de «Mis sa rum so ll emnia » (1 94 8, 5 1961 ), étude fondamentale sur la tradition liturgique d'Occident, donne de l'histoire de l'Avent une présentation que nous esquissons de la manière suivante, en espérant ne pas la trahir. Un Ave nt, soi t la mise à part d'un temps plus οu moin s long précédant Noël, apparaît d'abord en Gaule, à la fin du IV e siècle . C'est alors un temps préparatoire de trois semaines. Ma is un si ècle plus tard, la li tu rg ie ga ll ic an e co nn aît dé jà un Aven t de ci nq semain es . II es t vé cu avec le même sé ri eu x qu e le Ca rême , da ns le je ûn e et la pr iè re . A ce tt e ép oq ue Rome ne co nn aî t en co re au cu ne pr ép ar at io n à No ël , bi en qu e la Na ti vi té y so it dé jà fê té e av ec un e ce rt ai ne ampl eu r, pu is qu 'e ll e se tr ou ve do té e, dè s le V e si ècle, d'u ne cél éb rat io n nocturn e. Pourq uoi ce tt e diff érence en tre la Ga ule et Ro me ? La Ga ule semb le av oir su bi su r un poi nt l' in fl uen ce ori en ta le : el le a ad opt é re la ti veme nt tô t Ep ip han ie , av an t même de célébr er Noël. En célébr ant Ep iphani e comme fête de s bapt êmes, la Gaul e se mit à ob server des usages semblables à ceux de Pâques pour la préparation des candidats au baptême. Ainsi a-t-on, Échos de la catéchèse Sobriété des fêtes de Noël L'histoire de l'Avent dans l' Ég li se an ci enne

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