Liturgie des temps de fêtes
- 19 - Ce n'est qu'au débu t du XVIII e siècl e que l'on voit apparaître des «co llectes» (alinéas que l'on ajoutait aux prières usuelles) pour les jours de fête. A Genève, de véritables prières de Noë l n'apparaissent qu'en 1788, alors que les prières du Vendredi saint ne voient le jour qu'en 1828, et celles de l’Ascension en 1839. Le luthéranisme connut, on le sait, une évolution diffé rent e, pu isque non seulement le 25 décembre, mais l'Avent et l'Épiphanie s'y maintinrent. C'est sou s l'influence con juguée de la Suisse alémanique, de la cou tume cat holique et des usa ges luthéri ens qu'au XIX e siè cle les fêt es de Νο ë l... et leur folklore se sont ré - acclimatés en Suisse roman de. Ce retour de Noël était plus folklorique que liturgi que. Comme une plate -bande non cultivée se remplit de mauvaises herbes, un certain vide liturgique à ce moment de l' ann ée donn a naissanc e à un rempli ssage suspect: il n' est pas étonnant qu e ce soit dans les Ég lise s réformées qu'on voie apparaître des liturgies pour les «fêtes de l'An» (31 décembre et ler janvier). Ni la liturgie anglicane, ni la liturgie luthérienne ne c onnaisse nt des services pour ces date s profanes. La liturgie bernoise pour les paroisses de langue françai se (1955) note avec raison «qu 'il faut préférer la lumière du Christ à l'incertaine lumière temporelle et pr ofane de s fêtes de l' An». On a pu, à une c erta ine époque, justifier ces cultes comme une contrepartie chrétienne des fêtes profanes, un peu à la ma nièr e de l' Égl ise du VI e si ècl e qui cél éb ra it le 1 er jan vi er en ex piat io n des fê tes paï en nes .. . Auj ourd'hu i, dan s les paroisses, la tendan ce est plutôt inver se: celle de supprimer les cul tes du 1 er janvie r, pa rc e qu e la moti vati on «Nou vel -An» n' a plus d' écho dans l' Égli se. On main ti en t en re vanche — curieusemen t — plus volontiers le 31 décembre, bien qu 'il n'ait aucune légitimat ion dans la tradition, si cc n'est... l'anniversaire du pape S. Sylvestr e! Nous penson s, quant à nous, que ce vide do it être comblé d'une man ière valable par un temps de Νο ël cohérent, plutôt qu'accentué à nouveau par la suppression de certains cultes. Seule la substance biblique des liturgies et de la prédication permet de neutraliser, après Noël, les incid ences profane s dan s les cultes de l'E gli se. La « Liturgie des temps de fête» propose donc de remettre en valeur le 1 er janvier comme fête ecclésiastique: c'est le huitième jour de la fête de Νο ël. No ël doit être à nouv eau compris comme une fête de hu i t jour s (c f. déjà le s «oct aves » de s fêtes juives dans l' An ci en Te st amen t) . L' Év an gi le de ce hu it ième jo ur ap rè s No ë l es t to ut na tu re ll emen t Luc 2/2 1 (l'Evangil e le plus bref de l'année !). En liaison ave c les textes d'Épître, cet Évangil e présent e le Christ comme celui qui vient se placer sous la Loi pou r assumer avec nous, et finalement pou r nou s et à notre place, la mal édiction qui pèse sur les pécheurs. Le nom qui lui est donné ce jour - là (» nom donné par l'ange avant qu'il fût conçu dans le sein de sa mère ») orien te déj à la pen sée de l'Église vers Pâques où Jésus «sauvera le peuple de ses péchés ». Toute cette substance biblique, évangélique et paulinienne, justifi e pleinement le rétablissement du 1 er jan vier comme octave de Noël, faisant également un légitime con trepoids à la fête mariale que l'Église romaine vient de rétabl ir à cette dat e, dan s sa récent e réforme liturgique. Le temp s de No ël se po ur su it su r la la nc ée de l' oc ta ve de No ël : la «Lit urg ie de s temp s de fê te » a donn é au se rvic e pour un dimanc he 2 janv ier un cara ctère ré solument chri stol ogique qu i fait de ce diman che un chaînon de plus entre Noël et l'Épiphanie. En faisant l'exégèse soigneuse des textes prop osé s d ans le le ctionna ir e pour ce t emps de Νο ël, on se re nd comp te qu e la pl upart de ce s le ctur es orien tent la méd itation de l'Église ver s Vendred i saint et Pâques. Le cyc le de Noë l tout ent ier est ain si une antichambre du seul vrai recommencement de l'année qui est Pâques. Pour tou tes ces raisons, la «Litu rgi e des temps de fête» renonce à une sol enn isation du 31 décemb re. Il est plus important de prêch er le Christ que la fuite du temps et la prétend ue grâce d'un an neuf... Dans la fo i au Chri st, il n' est pl us exac t de di re qu e le temp s fu it, ca r il s' ac compli t, nous po rt an t vers le Royaume de Dieu. La seu le vraie nouveauté réside dan s notre communion avec le Sei gneur, et non dan s le nouveau millésime. L'Église peut, avec bonne con science, ignorer le Nouvel-An civil, puisqu'elle a mieux à offri r: Celui qui dan s sa résur rection fait toutes chose s nouvell es. C'est dan s la nuit de Pâques qu'elle cél èbr e l'Aut eur de l’unique renouveau par qui le monde ent ier est app elé à renaî tre. Oscar Cullmann le dit expressément: «L'ann ée ecclésiastique devrai t commencer ave c le cyc le des fêtes de Pâques et non avec l'Ave nt » (Cahier théologique de l'Actualité prot estant e, n° 25, p. 34). Nous dirons même: avec la célébration de la nuitde Pâques. En con séquence: dans l’intention de mai ntenir l'Église, de Noël à l'Épiphanie, au niveau d'une méd itation centrée sur le Christ seul, la «Liturgie des temps de fête» juge légitime de proposer un temps de Les «fê te s de l'An»... Retrouver l'octave de Noël Pour un dimanche 2 janvier Raisons de renoncer aux fêtes de Nouvel-An Co nsid ér er No ël à partir de Pâques
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