Liturgie des temps de fêtes

- 18 - U N T EM P S D E NO Ë L ? En Occident , l'équ ilibre ent re le 25 décembre et le 6 ja nvi er s'établit par l'apparition, peu cohérent e, de ce que l'on hésite à appeler «temps de Νο ël », par analo gie au «temps de Pâques ». C'est l'esprit systématique de l'Occident qui se man ifeste là, comme dans la création du temps de l'Avent. Ce besoin ne s'est pas manifesté en Ori ent , 06 les fêt es de Noël et de l'Épiphan ie son t « immerg ées », à leur date respecti ve , dans ce que l'on peut appeler un temps de Pentecôte qu i se poursuit jusqu'à l'ouvertur e d'un nouveau Carême; il n' y a ainsi dans l'Église byzantine qu 'un seul cycle festif, celui de Pâques. Cette « manière» est évi demment beaucoup plus proch e de la tradi tion ancienne que celle de l'Occid ent qui a créé autour de Noël un second cycle festif. L'organisation d'un temps de Noël se fit peu à peu. Tout d'abord, Noël fut doté d'une octave. Le 1 er ja nv ie r ét ai t ai ns i la co nc lu si on de la fête de No ël pr op rement di te . Da ns le s de rn iè re s an né es du V e siècle, le premier dimanche apr ès Noël a sa liturgie propre. Au tou t début du VI e siècle, le 1 er janvier prend, pour un temps, un caractère pénitentiel en exp iation pour les abus des fêtes païennes. Ce n'est qu'à la fin de ce VI e siècle qu'on trouve une célébr ati on de l'aube de Noël, tandis que le 1 er janvier app arai t sous la fo rme d' un e fête de la Vi er ge , en co nc lu sion de l' Oc ta ve de No ël (fêt e ma ri al e re pr is e récemment par la réforme lit urgique de Vatican II). Au début du VII e siècl e, les Évang ile s de la circonc isi on et de la présentation au temple donnent nai ssance â des fêtes spéciales (2 janvier, 2 février). Aux VIII e et IX e siè cles, la céléb ration de l'Épiphan ie s'amplifi e cur ieusement d'une vigil e et d'une oct ave. Enfin , au XVIII e siècle, le 2 janvier devien t une fête du saint nom de Jésus, et au XX e siècle, une fête de la sa in te Famill e es t fixé e au di manc he ap rè s l' Ép ip hani e (mai nt en an t ramené e au di manc he ap rè s Noël). On le voi t, toute cette évolution est incohérente. Le temps de Noël n'a pas d'autre unité que celle de ses lectures qui se rapportent de près ou de loin aux récits de la nativité. Il fau t mentionner ici que les douze jours qui s'écou lent de Noël à l'Épiphan ie sembl ent avo ir été con sacrés très ancienneme nt, pendant un temps, à la mémoire des apôtres (faut- il y voir une premi ère tentative de relier les deux fêtes?); mais cet usage ne s'est pas imposé. La commémor ation de S. Étienne, diacre et protoma rtyr, le 26 déc emb re, et cel le de l'apô tre Jean, le 27 décemb re, pourraient êtr e une survivance de cet essai avorté. Dans un autre ordre d'idée, il est utile de remarquer à quel point le cycle de Noël, à cause de son rattachemen t au symbol isme na tu rel du so lsti ce , es t li é à l'hémisphè re nord ; tr an spos é dans l'hémisphè re sud, ce symbol isme du sols tice tombe â faux . II n' en va pa s de même pour Pâque s, avec son doub le aspect de mort et de résurrection: cette fête n'est pas liée au symbolisme du printemps, mais à la dat e de la Pâque juive. Options pour une tradition réformée La qu es ti on se po se : es t-il ju st e de fê te r, da ns l' Égl is e ré fo rmée , le temp s de No ël d' un e ma ni èr e continue et comme un temps festif? Dans l'esprit de Calvin, l'Église ne devait célébrer que le dimanche; les fêtes du Christ tombant un jour de semaine se trouvaient ainsi supprimées. Calvin renonça pourtant à appliquer ce principe à la fête de No ël, cédan t pen dan t quelq ues an nées â la p res sio n de Bern e qui contin uait à fê te r Noël le 25 décemb re. Mais cer tains membres du Conseil gén éra l de Gen ève , plus calvinistes que Cal vin , imposèrent à leur ville la suppression de Noël et de toute fête non liée au diman che. De ce fait, Noël était fêté le diman che le plus proche du 25 décembre. Le pays de Vaud, en revanche, dont les pasteurs souhait aient sui vre la prati que gen evo ise, dut se soumettre à la cou tume ber noise et con serva ainsi la fêt e du 25 décembre. Quan t à la fête du 6 janvier, elle disparut dans toutes les régions réformées de la Suisse romande, alo rs que se maintenait , dans les terres ber noise s, la fêt e du 25 mar s, con sacrée â l'Annonci ation (« la fête de la Dame», dans le langage populaire), et cela jusqu'en 1863. La formation du temps de Noël Noël et les deux hémisphère s La Réforme et les fêtes du temp s de Noël

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