Liturgie des temps de fêtes

- 17 - d' un e vi er ge , ét ai t pr of on dément véné ré en Ég yp te . Il n' es t pa s ét on na nt qu e, dans ce co nt ex te , la grande Église ait éprouvé le besoin de met tre en évidence, par une fête de la nativité, la naissance du véritable Sauveur, app ortant la lumière, le salut. Aussi est- ce d'Egypte que cette fête se répand dès le IV e siècle dan s les aut res Églises pat riarcales, et jusqu'à Milan, en Gaule et en Esp agne. A Jérusalem, la célébration de la nati vité du Seigneur les 5 et 6 janv ier est liée aux lieux historiques de la nais sanc e (Be th lé em) et d' au tr e pa rt au myst èr e pa scal (églis e de la ré surr ecti on ). Peu à peu, la fête de l'Ep iphanie s'amp lifie d'éléme nts qui en fon t une man ifestation surnaturelle du Christ au monde (noces de Cana, étoile des mag es). L'idée fondamentale de l'Ép iphan ie reste cep end ant l'ent rée du Chris t dan s le monde, le mystère de l'incarn ati on. Les aut res thèmes, même cel ui du bap tême, son t secondai res. Mais on sait que la fêt e devin t par la suite, en Ori ent, une fêt e bap tismale et accéd a ain si à une importan ce qui la mettait en concurrence avec Pâques. Alor s que l'Ép iphani e se répand ait même en Occident , la fête de Noël, elle, pr enait co rps à Rome et s' imp osai t as se z vi te, so us l'i nfl uen ce ro ma in e semb le - t- il , en Ca ppad oce , où Gr égo ir e de Na zi an ce et Grégoi re de Nyss e en firent le pané gyri qu e, cont ri bu ant gr andement â l'ét ab li ss emen t de cett e fête cent ré e sur la na ti vité. Commen t expl ique r les or ig ines de la fête de No ël ? Pour la plup art de s li tu rgis tes, c'e st en op po si ti on à la fê te pa ïe nn e du « So le il in va in cu » (= Na ta le So li s in vi ct i) qu e No ël a ét é in stitué. La fê te païenne avait été établie en 274, par l'emp ereur Au rélien, en l'honneur du dieu - soleil d'Eme sa, et fi xée au 25 décemb re, dat e du sols ti ce d'hiver sel on le ca lendrier ro ma in. Par ce mo ye n, l'emp ereu r esp éra it cime nter l'unité de so n immense emp ire. Le symboli sme de la lu mi ère, les fê tes pa ïe nn es déj à an ci en nes du so ls ti ce , le cu lt e du so le il , le cu lt e de Mi th ra , mu te s ce s in fl ue nce s co nj uguées se mb le nt avo ir dét er mi né l'É gli se de Rome à cé léb re r une fê te de No ël : il s' agi ssa it de sa uvegar der l' Év an gi le co ntr e ce s mu lt ip le s « ag re ss io ns ». Il se po ur ra it bi en qu e Co nst an ti n le Gr an d ai t aussi exercé là quelque influenc e: on sait qu 'il fit effo rt pour réun ir le culte solair e et le culte chré tien, dan s l' in te nti on d'ame ner les paï ens à la fo i ch ré tie nne; ma is ce «s yn cré ti sme ch rét ien » de l' emp er eu r provoqua l'opposition ouverte des deux cultes. De ces in terférences successives résu lta finalemen t l'app arition de la fête du 25 décembre comme fête de la nativité du Ch rist, «so leil de ju stic e qu i porte la santé dans ses rayons » (MI 4/2) et « soleil levant qui nous a visités d'en haut » (Lc 1/ 78), «vr aie lumière qu i éclaire tout homme en venant dans le monde » (Jn 1/ 9) . On comprend ce tte évolution quand on sait qu e le cu lt e du so le il fu t le de rn ie r gr an d cu lt e pa ïe n qu i s' op po sa au ch ri st ia ni sme et qu i ga rd ai t au IV e siècl e une red outab le puissan ce. Parl ant du So l Invi ctu s, un auteu r ch rét ien écrit : «Qui est auss i in vi nc ib le qu e no tr e Sei gn eu r, qu i a su rmont é et va in cu la mo rt ?» C' ét ai t fo nd er No ël su r la Pâq ue de s origines! L'idée fondamentale de s deux fête s ét ait l' incarnation du Logos. C' est ainsi que le prol ogue de S. Jean est l'Évangile de Noël dans la tradi tion occid entale. Noël aya nt été doté dès le début du V e siècle d'une cé lé brat io n noct urn e, on ch ois it co mme Év an gi le pour ce ll e- ci le ré ci t de la nai ss an ce à Be th léem. Rome adop tant ensuite la fête de l'Épiphanie, il devint nécessaire de différencier les deux célébrations. «La diffé renciatio n se fit de telle façon qu'à Noël, la naissance du Christ est surto ut envisagée du point de vue de la faib less e et de la pauvre té d e sa na tu re humain e, tand is qu 'à l'Ép iphani e, elle es t envisagé e pl utôt du po int de vue de la maje st é di vine qu i br il le à tr aver s son humani té et qu i il lumine le mond e. Le baptême de Jésus dans le Jourdain et le mira cle de Cana s'ad aptent aussi merv eilleusement au mystèr e de l'Épiphanie: « Jésus manifesta sa gloire » (Jn 2/11)» (Jo sef-A. Jungmann, La liturgie des premiers siècles, coll. « Lex orandi », n° 33, p. 233). C'est ainsi qu'en Occident, l'Évangile dominant de l'Épiphanie devint celui de l'adoration des mag es: Rome chercha man ifestemen t S dissocier les célébrations de la nativité de la commémo ra ti on du ba pt ême du Ch ri st , dan s l' in te nt io n de ne pa s do nn er l' impr es si on ma le nc on tr eu se d' un ir l' or th od ox ie à l' hé ré si e co nd amnée pa r le s co nc il es . Dè s la se co nd e mo it ié du IV e si èc le , Rome te nt e d' impo se r pa rt ou t la fê te du 25 dé cemb re . L' Or ie nt ad op te al or s la fê te du 25 dé cemb re , ma is co nti nue à cé léb re r la fê te du 6 ja nvi er ave c un éc lat par ti cu li er . L' Ép ip hanie ét ai t ap par ue en Orien t et s'y ma inten ait to ut natu rell eme nt, alo rs que la fê te de No ël, d'origi ne roma in e, s'i mp osai t comme prépondérante en Occident. L'es qu isse de s or ig in es de Noël et de l'Ép iphani e qu 'on vi en t de li re est sommai re . Les nomb reus es ét udes qui ont été fa it es su r ce suje t mo ntr ent l'ext rême comp lexi té d'u ne évo lu tio n tri butair e d'influences si nombreuses — païennes, conciliaires, impériales, folkloriques, régionales — qu 'il est quasi impossible de les résumer. Plusieu rs points restent d'a illeurs dans l'ombre ou sont encore con troversés. Or ig ines de Noël La tradition se précise

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