Liturgie des temps de fêtes
- 16 - sant au païen (et donc en quelque sorte au monde) l'accès au secret de la foi dans sa célébr ation. Au IV e siècle, la sit uation a complètement changé. C'est le siècle d'une apparente victoire de l'Église sur le monde païen , dan s le sil lage de Constantin. Le rayonnemen t de la foi chr éti enn e s'étend soudain à tout l'Empire, mais les cultes païens, encore virulents dan s plusieurs régions, interfèrent de diverses manières dans ce que les populations perçoivent de la foi chrétienne, du moin s dans les milieux où l'on est sensibilisé à la présence de l'Église. Celle -ci se trouve app elée à assumer, dan s une certaine mesure, ce monde païen. «L'éon terr estr e et l' éon céle ste, écrit Casel, ne se trouvaient plus absolumen t ennemis l'un de l' au tr e, ma i s ch er ch ai en t à se compén ét re r» (La fê te de Pâque s da ns l' Ég li se de s pè re s, co ll . «Lex orand i », n 0 37). L'Église des premiers siècles, l'Église des martyrs, était restée fidèle à son Sei gneur en se fondant sur la victorieuse passion de son Maître. «Par sa mort, il a vaincu la mort!» Cette victoire du Ressus cité, elle la revivait dans la mort de ses mart yrs. L'Égli se qu i, dès Constantin, s'installe dans l'Empire, se trouve dans une tout autre situation et devant une tâche énorme. Elle n'a pas d'autre désir que d'exalter le Christ, mais comment le faire devant les fou les paï ennes? Dan s les céléb ration s de Noël et de l'Epiph an ie, éc ri t enco re Case l, « ce n' es t plus la pa ssion qui oc cupe le cent re de la fête, mais l'incarnation du Logos et la glorieuse man ifestation du Fils de Dieu dans la chair; ce n'est plus la victoire remportée par le Seigneur sur le monde, dans l'abaissement et la pati ence, mai s l'emprise sur le mond e du Dieu appa ru dans la chair» (op. cit. , p. 132) . Le ch angement , bi en qu e subt il , es t cons id ér able . Il n'apparaît pas d'emb lée, et l'Église n'en fut peut-être pas pleinemen t consciente, ceci d'autant moins que les idées qui la travaillai ent n'étaient pas étrangèr es â l'Évangil e. Pendant tro is siècl es, la foi avait été vécue comme un combat; soudain il fallait la vivre comme une installat ion. Cette insta llation de l'Église dans le monde avait pour conséquence l'aband on progressif, imperceptible d'abord, de certaines dimen sions eschatologiques dans sa prédication et dans sa vie et elle mêl ait l'Église de plus en plus profondément aux affaires de l'Empire. Il n'est pas étonnant que ce temps ait été celui des deux premi ers conciles œcumén iques (Nicée en 325 et Constantinop le en 381). Dans cett e époque de grand brassage d'idées, de doctrine s et de religion s, l'Église doit fai re fac e aux hérésies remuantes. Ell e cherche à formul er sa foi pour demeurer fidèl e aux origines. Elle se défend donc au- dedans comme au-dehors. II est intéressant de noter, en passant, que nous sommes aujourd'hui clans une situation qui prése nte cer taines analogies avec celle de l'Église au IV e siècle. C'est donc à cette époque troublée et diffi cile que surgissent, presque simultanément, les fêtes de l' Epip han ie en Ori ent et de Noël en Occident . Chacune est, à sa manière, une célébration de l'apparition du Christ dan s le monde et une exaltation de sa grandeur et de sa gloire. C'est le thème de l'i ncarnation du Logos qui caractérise la théologie de ces deux fêtes. Mais leurs origines sont fort diffé rentes. Si l'Epip han ie , comme nous allons le voi r, semble avo ir des antécédents rel ati vement lointains, Noël apparaît plutôt comme le résultat d'une confrontation à une situation donnée. Il est en tout cas certain que la fête du 25 décembre était cél ébr ée à Rome en 336, c'est- à-dire dan s les ann ées qui sui viren t le Concile de Nicée. On peut penser que celui- ci, sans en être la caus e direct e, n' y est pas étranger. Les débats chr ist ologiques qui ont marqué les deux con cil es œcuméni ques ont amené l'Église à formuler sa foi au Chris t «vrai Dieu et vrai homme ». L'impact lit urgique de ces décisions était inévitabl e, et il inter venait d'ai ll eu rs da ns un te rr ai n pr ép ar é pa r la co nf ro nt at io n avec le pa ga ni sme. En cond amna nt fo rmel lement , à Nic ée, la doctr ine ari enn e sui van t laquell e, lors de la naissance de Jésus, ce ne serait pas Dieu qui se serait fait homme , l'Église cen trait sa réfle xion d'une man ière toute nouvelle sur les textes évangéliques relatant les origines de Jésus et sa nativité; ceux -ci ne s'étaient jamai s trouvés à tel point au cent re de se s pr éoccup ations . Du fait de s dé cision s conc il iaires , un e au tr e in terp rétati on se tr ouvait écartée en même temps que l'ari ani sme: celle qui vou lait que Jésus n'ait été adopté par Dieu qu'à parti r de so n ba pt ême, c' es t -à -di re l' ad op ti an isme. Le th ème du ba pt ême du Ch ri st ét ai t ai ns i mis en év id ence. Quelle est, plus précisément, l'origine des deux fêtes? Commençons par l'Epiphanie. On sait qu'à la fin du deuxième siècle déjà, la secte gnostique de Basilide connaissait, en Egyp te, une fête du baptême du Chris t, célébrée le 6 janvi er; le bap tême y était con sid éré comme la nai ssanc e véritable du Fils de Dieu en Jé su s. Le gnos ti ci sme de s Ba sili di en s s' était in sp ir é de s fête s dont la crue du Ni l a été, de temp s immémo rial, l'objet en terre égypt ienne; mais aus si, san s doute, des fêt es du solst ice d'hiver , fixé alo rs au 6 janvier et 05, dans la nuit, on fêtait la naissance de la lumière et du dieu Αi ôn. Le dieu-soleil, né Conciles Fêtes nouvelles Origines de l'Épiphanie
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