Liturgie des temps de fêtes
- 8 - LE TEMPS PASCAL La logique voudrait que l'on parle de la préparation des fêtes pas cales, soit du Carême et de la Semaine sainte, avant de tra iter du pro longement de Pâques, soit du temps pas cal. Mai s c'est bien le temps pas cal qu i a la préséan ce, tant en vertu de son ancienn eté qu'à cause de son importance. IΙ est pr imor dial de célébr er ce que Dieu a fait pour nous en Jésus -Christ; ce qu'il nous app ell e à fai re pour accueillir cet te grâce vient en second lieu. C'est pourquoi l'Église a cél ébré très tôt le temps pascal, n'établissant que plus tard un temps du Carême. «Dès qu e la Pâqu e ch réti enne en tr e dans l'hi stoi re, elle se pr ésen te comme un e fête qu i se pour su it duran t cinquante jours» (Pier re Jounel ). Tout ce qu'il y a à dire sur le temps de Pâques tient dans cet te seule phrase. A Pâques, l'Église entre pour cinquante jours dans la célébration pascale. Ce temps qui va de Pâques à Pentecôte porte dans l'Église ancienne le nom de Pentecôte pascale. C'est une cinquantaine festive dont Tertul li en dit qu 'ell e est comme un un ique jour de fête. Ce temps se dé roul e tout enti er dans la joie . S. Irénée égale chacun de ses jours au dimanche. Si la Pentecôte juive est une fête de la moisson fixée au cinquantième jour après la Pâque juive, la Pentecôte chr éti enne, ell e, est donc une durée festi ve de sept semai nes, « une semai ne de semai nes», dans laquelle aucun jour n'est privilégié οu célébré aut remen t que les aut res, pas même le premier et le der nier. «Toute la cinquantaine sacrée con stitue une action de grâces prolon gée pour l'ensemble du myst ère sauveur; elle est le mémori al annuel de la bienheureuse pa ssion du Ch ri st, no tr e Se igneur , de sa résu rrec ti on du séjour de s mo rt s, de son ascens ion dans la gloire des cieux, de sa session à la droite de Dieu, de son second et redoutable avèneme nt... Les privil èges du jour du Sei gneur s'étendent à tous les jours: on y prie debout et le jeûne est interdit... La célébration du temps pas cal nous apparaît donc comme une observance fondament ale du chr ist ianisme. Ell e es t an té ri eu re à ce ll e de la Semain e sa in te et du Ca rême» (P ie rr e Jo un el , dans «La Ma is on -Di eu », π' 67, page 163s). Mai s ce tt e ci nq uan ta in e fe sti ve ce ss e , dès le IV e si èc le , d'ê tr e un e cé lé bra ti on in dif fé re nci ée de l'ensemble du myst ère pas cal. Bientôt la piété chr étienne s'applique â honorer successi vement et séparément la résurrection du Seigneur, son ascens ion à la droite de Dieu et l'envo i de l'Esprit sur les apôtres. On se conf orme ainsi à la ch ronologi e déjà indi qu ée dans le li vre des Acte s (1 /3 et 2/ 1). Ce rtes, on continue de parler des « sept semain es de la Pentecô te sacrée» (S. Basile), de « toute la Pentecôte de cinquant e jo ur s» (S . Ép ip ha ne) ou de la «qui nq uag esima» (S . Hi la ir e, pa r op po si ti on à la «qua dra ge sima», le Car ême). Mai s dès le Ve siècle, le temps pascal n'est plus, dan s les faits, la « con tinuata festivit as» des débuts de l'ère chr étienne, ni la céléb ration indifférenciée de l'ensembl e des actes sau veu rs: les fêtes particulières s'y affirment et l'emportent peu à peu sur la tradition primitive. Il était normal qu'on en vînt à solenniser la clôture de la cinquantaine pascale par une fête qui porterait, comme la fête juive, le nom de Pentecôte. Cela s'est ébauché, sans doute, dès la fin du III e siècle. On ratt ache d' abor d à ce jour le souv en ir de l' Ascens ion. Pl us tard , on y aj ou te aussi ce lui de l' envoi de l'Esprit. Ce n'est que dès la fin du IV e siècle que l'Ascension se détache du 50 e jour pour devenir une fête indépendante, fixée au 40 e jour après Pâques , selon la chronologie d'Actes 1/3. Alors, il fallut même ré ag ir pour qu 'on ne f it pa s de l' Ascens ion le terme de l' allé gr esse pa scal e, en mett an t en pa rall èle ri gour eux un e qu aran ta in e fest iv e (l e temps pa sc al ai ns i ab ré gé ) et la qu ar an ta in e pé ni te nt ie ll e (l e Carême) ! Quant à la fête de Pentecôte, elle devint parfois, à cette époque, une sorte de réitération de Pâques par la cél ébration du baptême et de la con firmation de ceu x qui n'avaient pas pu être reçus au cou rs de la nuit de Pâques. La fête de Pentecôte est alo rs dotée elle aussi, comme Pâques, d'une oct ave festive, d'une vigile et, par con séquen t, d'un jeûne prépar ato ire le samedi . Tou t cela, on le voi t, était en con tradiction compl ète ave c la conception originell e de la cinquant aine pascale. Tou te l'évolution ultérieure continua de disjoindre l'ensemble festif des origines. Comment rendre une certaine unité au temps pascal ? Il n'est plus question de ret rouver , à not re époque, la « con tinuat a festivitas » des premiers siècles. Mai s quelque chose de la simplicité et de la vigueur de la conception primitive doit être récupéré. Dans ce La Pentecôte pascale des origines Apparition de l'Ascension et de Pentecôt e
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