Liturgie des temps de fêtes
- 6 - Les deux premiers jours du Triduum Le Triduum se scinde en deux fêtes disti nct es Le moyen âge et la croix du Christ On sait ainsi qu'au deuxième siècle la Pâque chrétienne comprend deux jours de jeûne et une fête de joie. C'est déjà le Triduum, avec ses deux temps, célébrant le mystère unique. Ces deux temps sont inséparables, l'un et l'autre ess entiels à la célébration de la mort et de la résurrection du Seigneur. L'Église vit in tens ément l'un ité de cette fête de troi s jour s: le nom même de Triduum sa crum le mont re à l' évidence. Les deux premiers jours du Triduum, le vendredi et le samedi, son t jours de préparation pascale dan s le jeûne et la prière. L'extrême pointe de cette préparation est la vigile de lectures et de prière qui ouvre la célébration de la nuit de Pâques et précède la proclamation de l'Évangile de la résurrection. Bientôt, cependant, dès les IV e et V e siè cles, on se met â disti nguer les temps et les moments de la passion, les jours «pendant lesquels le Christ a souffert, s'est reposé et est ressuscité» (S. Ambroise). Dans le souci pastoral très légitime de faire revivre chaque année aux fidèles les aspects successifs du mystère du Christ, on parle dès lors du «s acratissimu m triduum crucifi xi, sepulti et ressuscitati» (S. Augustin). Tant qu'on s'en tint à une compréhension solidement biblique du mystère pascal, cet étalement chronologique et historicisant de la célébration n'enleva rien à son unité essentielle. Mais il n'en fut pas de même par la suite. La disparition progressive du catéchuménat des adultes, au cours des siècles qui suivirent , eut des con séquences graves sur la cél ébr ation de la nuit de Pâques. Alo rs que, dans les premiers siè cles, le bap tême des néophytes était venu s'insérer peu à peu dan s la vigile pas cale au point d'en être finalemen t une partie constitutive, l'effondremen t du catéchuménat des adu ltes entraîn a la ruine de la cé lébr ation de la nuit de Pâque s qui avait fini pa r se conf ondr e avec l'in it iation de s néophyte s. Au V e siècle, on continuait de parler de la «paschalis festivitas» au singulier, voire du «sacramentum pasch al e», to ut e la fête ét an t en co re co ns id ér ée comme un seul gr an d sa cr emen t du Ch ri st ; mais dé jà s'amorçait une séparat ion de cet ensemble en deux fêtes distinctes, séparées par un vide: le Samedi saint. Celui-ci ces sait d'être la montée ver s le sommet de la nuit de Pâques; la nuit de Pâques elle- même ces sait d'être le cœur du grand mystère de la chrétienté. On s'ach emi nait peu à peu vers la situation que nous connaissons aujourd'hu i: une fêt e de la mort du Chris t (le vendredi ) et une fêt e de la résurrection du Christ (le dimanche). Pendant tout le moyen âge, et jusqu'en 1952, la vigile pascale fut célébrée, dans l'Église romaine, le matin du samedi. Elle avait perdu toute signification. Ce processus s'était accompagné d'un affaiblissement, voire d'une modification de la prédication pascale de l'Église. La proclamation de Pâques perdait peu à peu de son dynamisme originel. La mort du Christ était contemplé e pour elle -même. Le moyen âge se mit à l'interpréter dans un cadre essentiellement juridique: ainsi naissait la théologie de la rédemption par les mérites du Sauveur souffrant. De même, la résurrection, dans une telle théologie, se trouvait altérée: elle apparaissait davantage comme le triomph e du Christ sur ses ennemis que comme le gage de no tre salut et de notre propre résurrection. Ainsi, la rédemption se trouvait dés intégrée, et l'évolution de la piété médiévale n'a fai t que suivre l'évolution de la théol ogie: le moyen âge est dominé par la médita tion de la pas sion et la con templ ation des souffrances du Christ. La mys tique de la croix a tendance à se suffi re â elle-même. En oubliant peu à peu l'unité essentiel le du mystèr e pas cal qui est pas sage avec le Chris t de la mort à la vie, on perdai t la vi si on d'une Pâq ue vi ct ori eu se , av ec to ut ce qu 'e ll e a de dyn amiq ue po ur la fo i et la vi e des ch ré tiens. Retrouver l'unité du Triduum pascal Il est important de se remémorer tou te cette évolution. En effet, si l'Église d'aujourd 'hui veut ret rouver le dynamisme de la célébr ation pas cale primitive, ell e doi t tendre, par tous les moyens, à lui rendre son unité. Nou s pensons que cela ne peut se fai re que par un rétabl issement gén éral de la céléb ration de la nuit de Pâques, pratiqué de telle manière que le plus grand nombr e possible de fidèles y participe vraiment. La nuit de la résurrection doi t redevenir le cœur de la vie et de l'expérience chr éti ennes. C'est par une vision plus biblique de la Pâque du Christ que ce r enouvell ement do it commencer (voir Jn 13 /1, 5/24, 1 Jn 3/14). Mais il faut aussi que les célébrations de Vendredi saint s'ordonnent à celles de Pâques comme un acheminement et une préparation, et non comme une fête qui se suffirait à elle- même. Vendredi saint est
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