Liturgie des temps de fêtes
- 4 - L'étude historique montre que « c'est le mystère pascal qui a donné naissan ce, par épanouissement vital, à toute la série de s fêtes » ( Η. Jenn y) . Ainsi, l'ac cent qu e l'on met sur la célébration de Pâques marque l'ensemble de l'année chrétienn e en la recentrant et en la polarisant: «Pâques donne son sens plénier à la succession des dimanches en en faisant une progression: progression des dimanches vers Pâques et Pâques, et, de Pâques en Pâques, vers la Pâque éternelle» (J. Gaillard). Et ce n'est pas seulement les sacrements le dimanche qui s'en trouve plus net tement éclairé, c'e st aus si la compréhension des sacrements: ils ont eux au ss i leur orig in e da ns la Pâque de no tr e Se igne ur . C'est po urquoi la célébr at io n de la nu it de Pâques est, par exc ellence, une célébration baptismal e et eucharistiq ue. «Quel temps, dit S. Basile, a plus d'affinité avec le baptême que la fête de Pâques? Elle est le mémorial de la résurrection... Recevons donc au jour de la résurre ction la grâce de la résur rection!» C'est faire écho à S. Paul qui écrit: «Vous avez été ensevelis avec le Christ par le baptême; vous êtes aussi ressuscités avec lui par la foi en la puissance de Dieu qui l'a ressuscité des morts» (Co l 2/12; cf. aussi Rm 6/3- 4, Εp 2/4 -6, Col 3/1 -4). Le bap tême nous introduit dans un mouvement véritablement pascal qui est la source de toute progression dan s la vie chrétienne. Il en est de même de l'eucharistie, sacrement pascal par excellence, quel que soit le jour où elle est célébrée. «Lo rsque, ensemble, nous mangeons la chair du Seigneur et buvons son sang, c'est sa Pâque que nou s célébrons », écrit S. Athanase. Le Seigneur lui-même avait dit: «Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour» (Jn 6/54). L'eucharistie est ainsi tout naturellement le sommet de la célébration pascale. Le Triduum Le mys tère pascal, c'e st, insép arabl ement, la mort et la résurrect ion du Christ. C'est pourquoi la cél ébr ation pas cale annuelle forme, de Vendr edi saint â Pâques , une célébr ation continue de trois jou rs, dont la nui t pascale est le poi nt culminant: l'Église y commémore en effet le moment où le Christ, vainqueur de la mort, fait passer son peuple avec lui de la mort à la vie. La litu rgie byzantine exprime cela avec force: « Christ est ressuscité des morts. Par sa mort, il a vain cu la mort. A ceux qu'enferment les tombeaux, il a donné la vie! » Elle rappelle ainsi que la mort et la résu rrection du Seigneur sont une seule et même œuvre rédemptrice, et que Vendredi saint et Pâques sont une seule et même célébration. Avant le IV e siècle, l'Église ne connaî t pas d'autre fête que Pâques, suivie de la cinquantaine pas cale, le temps qui va de Pâques à Pen tecôte. Un jeûne plus οu moins long, selon les époques et les régions, précède la fêt e de Pâques. La vei llée pascale est ain si, dans les tout premi ers siè cles, la con clu sion de ce jeûne , son po int cu lmin an t. C' es t un e veil lé e de lectu res et de pr ière de cara ctèr e péni tent iel. A un moment donné, on rompt le jeûne: c'est la grande allégresse de l'eucharistie, peu avant l'aube du jour de Pâqu es. Tell e est la forme la pl us ancienne de la célébr ation pa sc ale. II ne s' ag it donc pa s d' un e eucharistie dominicale transposée S l'heure nocturne. On est venu pour veiller et prier (vigile!), et le contenu de cette veillée est d'abord la Parole de Dieu en abondance: une longue succession de lectures, tout es cent ré es sur la dé li vrance du peup le de Dieu . Pu is , sans tr an si tion , c'es t la ruptur e du jeûn e: l'eucharistie célébrée dans une joie débordante. La veillée de lectures et de prière est, à côté de la liturgie eucharistique, la forme cultuelle la plus ancienne de l'Église. On sait que l'Église était particulièrement «vigilante» à attendre le retour du Seigneur dans la nuit pr écédan t le dimanche , jour du Seigneur . A combien pl us fort e ra is on deva it- el le «vei ll er » ai ns i da ns la nu it de Pâq ue s! On vo it , su r ce po in t ég al emen t, comb ie n le li en en tr e le s dimanches et la célébration pascale annuelle était profond dans l'ancienne Église. La veillée de lectures et de prièr e pouvait êtr e longue. Dan s la liturgie orthodoxe, on compte quinze lectur es de l' Ancien Test amen t, en trecoupé es de chan ts et, pr imit ivement , de pr iè re s. Dans la li tu rgie copte, on célèbre même deux réunions successives de lectures, la premi ère le samed i après-midi et la seconde dan s la nuit de Pâques. Dan s l'Égli se romaine, la vigil e compt ait douze lectures; depuis 1952, celles- ci son t ramenées, dan s la célébrati on, â quatre lectures obl igatoires, choisi es parmi les dou ze. Ce qu i caract éris e la vigile dans toutes le s tr aditions, c'est son rythme de lecture, de chant et de prière, rep ris aut ant de fois qu'il y a de lectures: c'est là une des plus anc iennes formes du service de la Parole dans 1'Eglise chrétienne. Le baptême Primitivement, la célébration de l a nuit pascale ne comprenait que la vigile de lectures et de prière, suivie de l'eucha ristie. Dès l'établ issement d'un catéchuménat col lecti f et structu ré, la vigil e a att iré à ell e, tout nat urellement et pour les raisons évoquées plus hau t, la célébration du baptême des adu ltes. Au IV e siècle, partou t, la célébr ati on pas cale comprend le bap tême; d'où l'importance des all usions baptismales dans la liturgie, notamment en Occident. Il n'en reste pas moins que la célébration pascale La veillée de lectures et de prière
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