Liturgie des temps de fêtes

assimi lable. Elle s' in scri t alo rs dans la du ré e, elle accepte, dan s un rythme donné, la répétition, le retour des mêmes affirmations. Elle acquiert une certaine stabilité. L'année liturgique est le cadre que l'Eglise s'est assigné pour célébrer le mystère du salut. Le cont enu en est à la fois riche, profond et cepend ant clairement délimité. Le retour annu el des temps et des fêtes rythme la prière de telle manière qu e l'espr it et le coeur puissent s'y retrouver. D'année en année, les mêmes rythmes de célébration reviennent qui rendent reconnaissables les différents moments du cheminement de l'Eglise à la suite du Christ. Les supplications de l'Avent, les actes de repentance du Carême, les Alléluias du temp s pasc al, la sobriét é de la pri ère au temp s or dinaire, cela fait autant d'étapes, repérables à bien d'autres signes encore. La liturgie peut ainsi devenir une réalité familière, les fidèles peuvent l'intérioriser, se l'approprier en profondeur. Ils ne sont plus réduits à n'être que les auditeurs des prières de l'officiant. En retrou vant des paroles connues, ils peuvent les prier intérieurement avec celui qui les prononce. On objectera que telle qu'elleest, la litu rgie est déjà beaucoup trop riche pour que cela soit possible. A qu oi il faut répondre que le rythme propre à chaque sorte de prière, lorsqu'on le respecte et que les fidèles le connaissent, aide à entrer facilement dans ce qui est dit et à s'y associer vraiment, même si l'on ne connaît pas entièrement le texte de la prière. D'où la nécessité de ne pas perturber inutilement ces rythmes. Il est frappant de constater combien les Eglises qui ont bénéficié d'une grande stabilité cultuelle et d'une solide tradition liturgique ont connu une vie de prière intense qui a produit une floraison de publications euchologiques fortement marquées par cette prière commune, alors que les Eglises dépourvues d'une vie liturgique stable n'ont que peu ou même rien produit de durable dans le domaine de la spiritualité etde la piété familiale ou personnelle. La stabili té de la liturgie et sa limitation volontaire attestent et con ditionnen t son ecclésialité. L'Eglise se satisfait d'être en route avec le Christ sur le chemin où il nous a précédés. Les dimanches s'appuient les uns sur les autres comme les arches d'un pont qui aide à franchir des abîmes, et de Pâques en Pâques les fêtes s'appellent l'une l'autre, jusqu'à la Pâque éternelle. Ce cheminement est en lui-même si fondamental, si existentiel qu'il se passe aisément des trouvailles qui se veulent originales, mais qui ne font que dérouter les esprits. La sobriété seule, qui s'en ti ent aux valeurs éprouvées, anciennes et nouvelles, permet au fidèle de progresser dans la louange et d'approfondir sa foi. Et l'on peut dire que si la liturgie, par sa limitation volontaire à l'essentiel de la foi, suppose — risquons le mo t — un e certain e ascèse, c' est pour qu 'app araiss e mi eux la dime nsion fe stive de la célébration chrétienne. La prière eucharistique est à cet égard un exemple évident. Dans sa simplicité se cache unegrande densité spirituelle qui exige que cette prière soit bien connue des fidèles. Il faut qu 'ils puissent peu à peu la prier intérieurement avec l'officiant. Il est bon de s'en tenir longtemps aux textes usuels, soit aux temps de fête, soit aux dimanches ordinaires ; on rend alors plus aisée l'assimilation de l'acte eucharistique par les fidèles. Avec discern emen t, on pou rr a alors introdui re l' une des deu x au tr es pri èr es eu chari st iques comme variante occasionnelle. Plus la sainte cène est célébrée fréquemment, plus les mots de la prière — connus et compris de mieux en mieux — prennen t pour les fidèles de l'importance et de la valeur. L'augmentation du nombre des célébrations eucharistiques ne sera donc pas nécessairement une raison d'introduire une plus grande variété de prières eucharistiques. En tout cela, il ne s'agit nullement decanoniser si peu que ce soit la liturgie, mais bien d'aider avec persévérance les fidèles à la vivre. L'année liturgique, normalement étoffée, est assez riche pour que les fidèles aient de quoi « assimiler » pendant des années. Rien ne la perturbe autant que des créations sans cesse nouvelles. Ce n'est que par un long usage des mêmes textes, d'année en année, que la 11

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